Joie*
Présentation sommaire
Lancée sous les auspices de la Jeunesse étudiante catholique (JEC), la revue Joie (1939-1947) voit le jour au sein du collège Saint-Michel à Fribourg. Sa création coïncide avec le début de la Deuxième Guerre mondiale, mais le conflit n’est cependant pas le thème principal des articles publiés. La politique nationale, la culture, l’art, les problèmes sociaux et les préoccupations des étudiants forment les principaux sujets de préoccupation de la revue, traités dans une optique de «troisième voie», avec l'objectif de préserver chez ses lecteurs espoir et joie en une période difficile. Au fil des ans, la diffusion de la revue, d'abord étroitement fribourgeoise, va s’élargir à l'échelle romande et se déplacer vers les milieux académiques avec des changements structurels, tout en conservant l’idéal jéciste.
Annaïsse Hilaire & Annick Progin & Floriane Gasser
Création
La revue est créée en octobre 1939 par l’abbé Rossel, professeur au collège Saint-Michel et aumônier de la JEC, afin de donner un moyen d’expression à la section romande de la JEC, récemment créée. Joie n’en est cependant pas l’organe officiel. Elle se veut d’abord une revue pour les étudiants faite par les étudiants. L’abbé Rossel reste donc en retrait dans cette aventure, laissant aux étudiants la responsabilité éditoriale et une pleine liberté rédactionnelle.
Le premier numéro, qui paraît quelques semaines après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne hitlérienne, proclame sa volonté de donner joie et espérance à son lectorat, dans cette période sombre et incertaine. Afin d’éviter que la jeunesse catholique ne tombe dans le défaitisme, la revue ne se focalise pas sur la guerre qui fait rage, mais aborde des sujets d’inspiration jéciste, tels que l’art, la culture, la question sociale et la politique. Dans la ligne de la JEC, le but premier de Joie est de rechristianiser les jeunes catholique en les recentrant sur le message du Christ et la spiritualité individuelle.
Annaïsse Hilaire & Annick Progin & Floriane Gasser
Equipe
A ses débuts, Joie est une revue pour les étudiants faite par les étudiants. En automne 1939, Gabriel Bullet, élève en dernière année au Collège Saint-Michel, est sollicité par l’abbé Rossel pour le poste de responsable de la revue, qu’il quittera après l’obtention de son baccalauréat en juin 1940. Lui succède Roland Ruffieux, élève de 2ème année et déjà rédacteur du journal. Il n’occupe ce poste qu’une année, jusqu’en juin 1941.
Durant cette période, la plupart des collaborateurs ne font que passer et sont principalement des étudiants et des enseignants du Collège Saint-Michel, comme Ernest Dutoit, professeur de français ou l’abbé Emile Marmy, qui écrit sur le courant personnaliste de la revue Esprit. Parmi les signatures d’étudiants, on retrouve régulièrement celles de Pierre Mamie, futur Evêque du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg, ou Pierre Mamier, responsable de la rubrique «Bibliographie» et futur physicien. Exceptionnellement, des intellectuels tels Alexandre Cingria et Gonzague de Reynold, sont invités à représenter le «renouveau» catholique.
En été 1941, avec l'arrivée Henri Steinauer, Joie se déplace à l’université et une certaine stabilisation des collaborateurs s’opère. Une petite équipe de direction, formée de Jean-Marie Brasey (recrutement et rédaction), Jo Clerc (administration) et Fernand Cartier (éditorial), est mise place. Le cercle des collaborateurs s’élargit vers les autres universités de la Suisse romande, notamment avec Georges Bornand à Lausanne, Jean-Pierre Monnier et Marc Eigeldinger à Neuchâtel.
En été 1944, le départ de Steinauer, qui termine ses études de droit, remet l’existence du journal estudiantin en cause, par manque de successeur. Finalement, l’ecclésiastique Léon Barbey en reprend les rênes et se dote d’un comité de rédaction. Le nouveau rédacteur en chef offre de plus en plus de place aux séminaristes et ecclésiastiques tels que l’abbé Jean Schmuckli ou les séminaristes Georges Bavaud et Georges Perisset, diminuant ainsi fortement la participation active des étudiants à la création de la revue.
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Etapes
Trois périodes distinctes jalonnent les huit années de parution de Joie :
D’octobre 1939 à juin 1941, la revue en est à ses balbutiements : les moyens financiers font défauts, et celle-ci ne présente pas de structure claire, ni au niveau de ses collaborateurs ni dans sa forme. Les rédacteurs, des élèves du collège Saint-Michel, ne participent généralement qu’à un seul numéro et les rubriques ne sont pas définies. Les deux rédacteurs en chef successifs, Bullet et Ruffieux, n’occupent leur poste qu’une année et ne peuvent donc pas mettre en place de véritable ligne rédactionnelle.
D’octobre 1941 à juillet 1944, «Joie» devient l’organe de presse officiel de la JEC Suisse romande et élargit ainsi son réseau de collaborateurs et de lecteurs au-delà de Fribourg. Henri Steinauer, qui reprend la direction de la revue, désire faire de «Joie» une vraie revue catholique aux préoccupations intellectuelles, sociales et culturelles et non plus simplement estudiantines. Le mensuel est étoffé et passe progressivement de 4 à 12 pages. En 1942, «Joie» abandonne le format «journal» et adopte le format A4. Dès 1943, un sommaire est intégré en 1ère page, annonçant les rubriques régulières nouvellement instaurées.
Après une crise due à un manque de moyens financiers et à la difficulté de repourvoir le poste de rédacteur en chef laissé vacant par Steinauer, l’abbé Léon Barbey reprend les rênes de 1944 à juillet 1947. Celui-ci met rapidement en place un véritable comité de rédaction constitués d’enseignants, de séminaristes et d’ecclésiastiques de Suisse romande. Joie devient alors une véritable revue, dont le format est d’ailleurs adapté en conséquence, en «cahier». Le contenu est subdivisé en 3 parties : Religion, Politique, Divers (actualité, art, littérature), et le nombre de pages continuent à augmenter progressivement jusqu’à 36 pages par numéro. Les circonstances exactes de la fin de Joie ne sont pas connues. La revue ne survit cependant pas au départ de Léon Barbey en 1947 et personne ne lui succédera.
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Aspects formels
Durant ses deux premières années, Joie est plus une «tribune libre» qu’une véritable revue, constituée en fonction de l’arrivée des articles rédigés par les étudiants. Formé de 4 pages seulement en format «journal», Joie ne présente pas de structure claire ni de mise en page unifiée. Seuls quatre éléments sont récurrents : une citation placée à côté du titre, la rubrique «Fichier» regroupant des références littéraires, la rubrique «Bibliographie» présentant un ouvrage et la rubrique «Sport».
Sous Henri Steinauer, le revue se transforme peu à peu : extension progressive à 12 pages, instauration d’un sommaire en première page et structuration en trois parties. La première partie est dédiée aux questions politiques, économiques et sociales, la deuxième touche l’art et la culture et la troisième regroupe le sport et les jeux. En 1942, la rubrique «Air Libre» ouvre ses colonnes à des articles défendant des idées ne s’inscrivant pas dans la ligne de la revue.Le Lausannois Charles Apothéloz, par exemple, vient y défendre ses convictions maurrassiennes. De plus, des éditions spéciales sont publiées sur des thèmes jugés cruciaux par le rédacteur en chef, tels que le communisme ou le rôle des intellectuels dans la société.
Avec Barbey, Joie se présente sous la forme d’un cahier rouge de 28 à 36 pages, subdivisé en trois parties : Religion, Politique, Divers (actualité, art, littérature). La revue va peu à peu publier, en dernière page, des annonces publicitaires provenant majoritairement d’entreprises de Fribourg, Lausanne et Genève.
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Positions
Bien que rattachée officiellement à la Jeunesse Etudiante Chrétienne (JEC) deux ans après sa création, Joie défend dès les débuts les valeurs d’humanisme chrétien de l’idéologie jéciste. Inéluctablement marquée par la guerre et ses rebondissements tragiques, la revue estudiantine s’efforce cependant de ne pas entrer dans ce sujet, préférant jouer un rôle de guide spirituel pour une jeunesse chrétienne perturbée par ces temps incertains. La philosophie de Jacques Maritain constitue la base des valeurs défendues par la JEC : promotion de l’Evangile et du Christ, rechristianisation des étudiants, amour fraternel, égalité de tous devant Dieu et devant la loi, retour au spirituel et réforme morale. Considérant l’individualisme et le capitalisme comme dénué de fondement moral, les jécistes prônent un retour aux valeurs spirituelles évangéliques et préconisent un communautarisme inspiré de l’humanisme chrétien. Les étudiants étant les dirigeants et penseurs de demain, la JEC espère leur inculquer une formation spirituelle, civique et sociale. Spirituelle en se concentrant sur la personnalité du Christ, civique en rejetant le militantisme politique, de gauche comme de droite, et sociale en sensibilisant les étudiants aisés à la misère sociale des classes défavorisées de la société. Comme Maritain, la JEC rejette une idée de la politique «machiavélique» et considère que la politique est vaine si celle-ci n’est pas assise sur des valeurs spirituels.
Ces valeurs constituent le socle des divers sujets traités dans Joie. Ainsi, durant ses premières années d’existence, la revue estudiantine partage les idées de la Défense nationale spirituelle (avec un article de Gonzague de Reynold) et encourage les étudiants à servir leur pays. En effet, l’armée est considérée comme un creuset social qui permet le rapprochement et la solidarité entre toutes les classes sociales, tout en combattant concrètement les totalitarismes menaçant l’indépendance de la démocratie fédérale. Si «Joie» condamne très fortement le communisme et craint le nazisme, elle considère ce dernier tout d’abord comme un «phénomène certes néfaste mais éphémère», avant de réaliser l’ampleur de celui-ci. Pour faire face à l’effondrement de l’Europe, Joie promeut la neutralité suisse, le fédéralisme et la culture nationale. Les articles publiés au début de la guerre prônent l’héroïsme, l’altruisme et la résistance des peuples opprimés comme protestation voilée contre l’invasion allemande de la Pologne.
Dénonçant les dérives du capitalisme, du libéralisme et de l’individualisme, Joie prêche pour un catholicisme social et solidaire, le bien commun étant supérieur aux intérêts de l’individu, car celui-ci fait partie d’un tout créé par Dieu. Sur le plan politique, la revue soutient les thèses du personnalisme d’Emmanuel Mounier et prône tout d’abord une formation morale et religieuse avant toute activité politique. Ainsi, la revue met les étudiants en garde contre l’idéologie maurrassienne, critiquant la subordination du politique au spirituel.
Rêvant d’un communautarisme chrétien basé sur la pensée de Saint Thomas d’Aquin, Joie soutient également les thèses de Léon Harmel et son catholicisme social.
Concernant le féminisme, le journal regrette cette émancipation qu’il considère comme contre-nature : «A vouloir imiter l’homme, la femme paraît comme désaxée, comme un demi-monstre». Il admet cependant la nécessité de l’activité politique de la femme, mais les limite aux sujets relatifs à ses compétences de femme au foyer : éducation, famille, scolarité.
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Financement
Pas d'information
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Rayonnement
Destinée principalement aux étudiants du Collègue Saint-Michel lors de sa création en 1939, la revue élargit peu à peu son cercle de lecteurs, notamment grâce à son rattachement officiel à la JEC et à son déplacement au sein de l’Université de Fribourg en automne 1941. A l’été 1942, Joie est tirée à 2000 exemplaires et distribuée dans toutes les universités romandes.
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Textes programmatiques
Présentation
« Joie ! Le simple mot en tête de notre journal peut paraître, à l’heure actuelle, paradoxal. Nous pensons cependant que nous devons souffrir et supporter les épreuves qui nous assaillent dans une atmosphère de joie. Joie qui est de confiance et de soumission.
Nous désirons aider nos camarades à maintenir en eux cette atmosphère indispensable pour ne pas se laisser abattre et rendre nos souffrances inutiles.
Nous essayerons d’atteindre notre but en disant la joie de connaître ! Non pas la joie de connaître comme l’a chantée P. Termier, ce serait prétentieux de notre part, mais la joie de connaître toujours mieux les âmes dont les œuvres sont immortelles, et la joie d’aborder ensemble les divers problèmes qui nous intéressent, étudiants, et d’en chercher la solution. Nous ferons tout notre possible pour nous mettre toujours davantage à la portée de chacun ; nous mettrons en commun nos expériences, nos problèmes et nos difficultés.
La rencontre des génies qui ont proclamé la grandeur de l’homme et sa misère comme l’immortalité de l’esprit humain nous rappellera que le royaume de la Vérité existe et que nous sommes créés par lui.
Ainsi par la joie de connaître, nous trouverons la joie qui est d’espoir et de soumission, la joie que garda dans les circonstances les plus effroyables la Pologne martyre. Joie ! »
La Rédaction, Joie, n°1, 16 octobre 1939, p. 1
« Que l’on se rappelle – écrit Claudel évoquant les souvenirs de jeunesse – ces tristes années quatre-vingts, l’époque du plein épanouissement de la littérature naturaliste. Jamais le joug de la lumière de parut mieux affermi. Tout ce qui avait un nom dans l’art, dans la science et dans la littérature, était irréligieux. Tous les (soi-disant) grand hommes de ce siècle finissant s’étaient surtout distingués par leur hostilité à l’Eglise. Renan régnait… A dix-huit ans, je croyais donc ce que croyaient la plupart des gens dits cultivés de ce temps… J’acceptais l’hypothèse moniste et mécaniste dans toute sa rigueur, je croyais que tout était soumis aux lois, et que ce monde était un enchaînement dur d’effets et de causes que la science allait arriver après-demain à débrouiller parfaitement. »
C.E. «Introduction à la vie communautaire», in Joie, novembre 1944, n°1, p. 7
« Ils ne pensaient pas que, en renonçant à la loi très sage du Père céleste, ainsi qu’à la doctrine d’amour prêchée par le Christ, ils se livraient à l’arbitrage d’une pauvre et changeante sagesse humaine. Ils parlèrent de progrès, alors qu’ils reculaient, d’élévation, alors qu’ils se dégradaient, d’ascension vers la maturité, alors qu’ils tombaient dans la servitude. Ils ne percevaient pas l’inanité de tout effort humain tendant à substituer à la loi du Christ autre chose qui l’égale : « Ils se perdirent dans la vanité de leurs pensées » ».
Marius Besson, «L’heure de la foi», in Joie, décembre 1940, n°3, p. 1
« Beaucoup pensent que le salut nous viendra d’une réforme politique ou sociale. Pour incomplète que soit la solution, elle en est un aspect tout de même. Mais à quoi bon changer les institutions, si les hommes restent les mêmes dans leur égoïsme et leurs ambitions. Ce qui s’impose d’abord c’est de changer notre vie. « La révolution sera morale ou ne sera pas ». Il ne faut cependant pas se désintéresser de l’amélioration de nos institutions, sous prétexte de travailler directement au salut des âmes. […] Mais avant tout, il faut nous réformer nous-mêmes. […] Vivant de nos principes chrétiens, par le fait même, nous voudront des institutions en harmonie avec ces principes. Mais si cette vie manque à la base, ce ne sera que plaquage, et nous doutons d’ailleurs fort qu’on puisse le faire. »
D.D. «Défense de la cité», in Joie, mars-avril 1941, n°6, p. 3
« Ce mouvement qui prétend hautement défendre les droits de la femme est fondé sur une méconnaissance radicale de sa nature ; ce n’est pas travailler à l’épanouissement d’un être en effet, que de vouloir l’assimiler à quelque chose qu’il ne peut être profondément, contre quoi sa nature intime proteste. Ce n’est pas lorsque la femme aura acquis dans la vie économique et politique les mêmes droits que l’homme que l’on aura fait beaucoup l’épanouissement de ses richesses profondes et leur communication à l’humanité. »
Maria Righini, «Rôle actuel de la femme», in Joie, octobre 1942, n°1, p. 3
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Avis contemporains
«Les étudiants catholiques de la Suisse romande publient un premier numéro de leur organe de liaison Joie, qui doit paraître mensuellement. La rédaction se propose d’aborder les divers problèmes qui intéressent les étudiants et d’en chercher la solution. Joie se présente aux lecteurs avec une étude : Ames espagnoles, impressions éveillées par l’exposition à Genève des œuvres du Prado ; un article dédié à Péguy, un autre à Beethoven. La Pologne, la tragédie de l’heure présente, le but des études, le sport font l’objet de quelques réflexions intéressantes. Trois gravures : les Ménines de Velasquez, Péguy par P. Castella et le Penseur de Rodin sont excellemment reproduites.
Joie se présente ainsi avec le vêtement et l’allure de la jeunesse et veut apporter la joie aux jeunes.»
La Liberté, jeudi 26 octobre 1939, p. 6.
Annaïsse Hilaire & Annick Progin & Floriane Gasser
1941-1944: 6 à 12 pages
19441947: 28 à 36 pages
- Léon BARBEY (1905 - 1992)
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Né à Estavayer-le-Lac dans une famille profondément chrétienne, il entre au grand séminaire de Fribourg après avoir obtenu son baccalauréat et est ordonné prêtre en 1929. Il devient coadjuteur de la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg la même année. Il étudie la philosophie à l’Université de Fribourg et obtient un doctorat ès lettres en 1933, et il continue ses études postgrades à Louvain, Paris et Genève. Professeur à l’école normale d’Hauterive de 1931 à 1939, il est ensuite nommé directeur du Technicum et de l’école des arts et métiers de Fribourg en 1939, puis Aumônier à Orsonnens de 1944 à 1947, c’est durant cette période qu’il est rédacteur en chef de la revue « Joie ». En 1947, il part pour l’Université de Lyon, où il fonde puis dirige l’Institut de pédagogie jusqu’en 1967. En 1956, il co-fonde et co-dirige la collection Animus et Anima et est rédacteur du «Bulletin pédagogique» de la Société fribourgeoise d’éducation. Il est également directeur administratif de l’école normale de Fribourg jusqu’en 1965, avant d’être professeur de pédagogie à l’Université de Fribourg jusqu’en 1975.
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- Gabriel BULLET (1921 - ?)
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Il est né en 1921 à Estavayer-le-Lac dans une famille de pharmaciens. Etudiant au Collège Saint-Michel, membre de la JEC, il est le premier rédacteur en chef de «Joie» et participe à sa création sous l’égide de l’abbé Rossel en 1939. Entré au séminaire de Fribourg en 1940, il est ordonnée prêtre en 1945 et devient vicaire à Genève de 1945 à 1950. Il poursuit ses études à Rome et Fribourg. Après un doctorat en théologie en 1958, il est chargé de cours à l’Université de Fribourg dès 1965, puis y dirige l’institut de théologie jusqu’en 1971. Nommé évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg en 1970, il démissionne en 1993.
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- Etienne ROSSEL (? - ?)
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Prêtre et enseignant au Collège Saint-Michel de 1915 à 1949, il est chargé de la préfecture de l’externat de 1915 à 1925, puis préfet de l’internat en 1943 et 1949. Il s’engage pour la création de sections de la JEC en Suisse romande et lancera dans ce but un appel en septembre 1935, suivi par 35 jeunes catholiques qui se réunissent à Neuchâtel et créent ainsi la première section romande de la JEC. Il fonde la section fribourgeoise de la JEC en 1937. Toujours actif sur le plan romand, il est nommé aumônier du secrétariat romand de la JEC en 1938 par Monseigneur Besson, poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1949. Il lance la revue « Joie » à Fribourg en 1939, dans le but de promouvoir les idées chrétiennes parmi les étudiants et en sera le conseiller et recruteur jusqu’en 1941. Il est également actif dans d’autres mouvements de jeunesse catholique, telles que la Pax Romana et la Jeunesse Catholique.
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- Roland RUFFIEUX (1921 - 2004)
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Né en 1921 à Bulle, il est en contact avec la JEC et «Joie» dès son entrée au Collège Saint-Michel en 1939. Rédacteur en chef de «Joie» d’octobre 1940 à juin 1941. Licencié ès Lettres en 1947 à l’Université de Fribourg, il obtient un doctorat en Histoire 1953. Il continue ses études en Sciences politiques à Paris de 1952 à 1958. Il obtient le poste de privat-docent en Histoire contemporaine à l’Université de Fribourg en 1957, puis est nommé professeur extraordinaire en 1958 et professeur ordinaire de 1968 à 1992. Parallèlement, il est professeur à la Chaire de science politique à l’Université de Lausanne (1965-1990). Auteur de nombreux ouvrages et articles, Roland Ruffieux participe au renouvellement de l’histoire de la Suisse et du canton de Fribourg, notamment par la publication de la «Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses», dans laquelle les dimensions d’histoire sociale et culturelle jouent un rôle important. Il est également directeur de la Bibliothèque nationale suisse entre 1963 et 1965, président de Pro Helvetia de 1978 à 1985 et membre du Conseil national de la recherche de 1981 à 1991.
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- Henri STEINHAUER (1919 - 2004)
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Cadet d’une famille de six enfants de Fribourg, il étudie au collège Saint-Michel. Mobilisé durant les premières années de la Deuxième Guerre mondial, il reprend ses études à la Faculté de Droit de l’Université de Fribourg, durant lesquelles il occupe le poste de rédacteur en chef de « Joie » et restructure efficacement la revue. L’obtention de sa licence en 1944 signifie la fin de sa collaboration au sein du journal d’étudiants. Il devient avocat à Bulle et y exercera jusqu’à la veille de sa mort. Après ses années de services militaires, il devient juge d’instruction militaire. Homme politique, il est député démocrate-chrétien au Grand Conseil fribourgeois de 1971 à 1981 et président de la section bulloise du PDC. Dès 1964 et pendant 25 ans, il dirige la Société de Développement de la Gruyère. Il préside la Fédération des associations patronales et économiques de la Gruyère. Il s’engage également sur le plan culturel, en fondant et présidant la compagnie de théâtre amateur Les Tréteaux de Chalamala, ainsi que l’Ecole de Musique de la Gruyère. Parallèlement, il milite au sein du «Heimatschutz» et participe à la création du Collège du Sud.
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Références bibliographiques de la littérature secondaire
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, La J.E.C. romande : édité par le secrétariat romand de la J.E.C.Fribourg, 1989
-
, Entre Maurras et Maritain. Une génération intellectuelle catholique (1920-1930) , Paris : Les Editions du Cerf, 1999, 262 p.
-
, Joie, une revue d’étudiants chrétiens de Suisse romande face aux défis de la guerre, 1939-1947 , Fribourg : Mémoire de licence, 2003, 106 p.
-
, « Néo-thomistes et personnalistes d’Esprit en Suisse romande: convergences et divergences durant l’entre-deux-guerres », in Regards croisés entre le Jura, la Suisse romande et le Québec, Laval : Presse de l’Université Laval, 2002, pp. 237-255
-
, « “Maintenir l’ordre ou le faire?” Présence et dilemmes des personnalistes d’Esprit en Suisse dans les années trente », in Le goût de l'histoire, des idées et des hommes: mélanges offerts au professeur Jean-Pierre Aguet, Vevey : Editions de l'Aire, 1996, pp. 131-151