Action fédéraliste européenne
Présentation sommaire
Créée en septembre 1946, L’Action fédéraliste européenne (1946-1948) s’inscrit dans le renouvellement de la pensée fédéraliste incarné par différents mouvement de résistance au cours de la Seconde guerre mondiale : leur dénominateur commun porte sur la conviction que seule une Europe fédérée peut garantir la paix de manière durable tout en assurant la prospérité du continent. Dès 1943, la Suisse en tant que lieu d’exil et de refuge pour de nombreux militants italiens, s’impose comme le point de rencontre des principaux acteurs engagés dans cette réflexion. La création de la revue témoigne de la pérennisation de ce rôle dans l’immédiat après-guerre. Editée par les Editions de la Baconnière à Neuchâtel, dirigée par l’écrivain et journaliste français Léon van Vassenhove, la revue se veut une tribune ouverte aux différentes thèses du fédéralisme européen, en abordant celles-ci aussi bien sous l’angle du droit, de l’économie, de l’histoire que de la philosophie. Destinée aussi bien aux « dirigeants » qu’aux « dirigés », elle espère contribuer à créer dans les peuples européens l’esprit civique nécessaire à la mise en place d’une nouvelle réalité européenne.
Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Création
Pendant la guerre, l’idée d’une Europe fédéraliste est principalement véhiculée par des protagonistes italiens. En effet, le Manifeste de Ventotene, rédigé en prison en 1941 par Altiero Spinelli puis diffusé sous forme polycopiée, devient bientôt la référence doctrinale pour une grande partie des militants fédéralistes européens. Ceux-ci sont regroupés, dès la chute du fascisme sur l’ensemble de la péninsule, dans le Movimento Federalista Europeo qui se crée à Milan fin juillet 1943. Du fait de l’exil en Suisse de plusieurs de ses figures dès septembre de la même année, un noyau se reconstitue, d’abord à Genève, avant d’irradier dans d’autres régions du pays. Il peut bientôt s’élargir à de nouveaux sympathisants comme François Bondy, socialiste suisse d’origine austro-hongroise, les Français Laloi et Soutou du Comité français de Libération nationale ou encore le Néerlandais Willem Vissert’Hooft, Secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises. Quatre rencontres seront à l’origine de la Déclaration des Résistances européennes et de la constitution d’un «Comité provisoire pour la Fédération européenne».
Durant l’après guerre, la Suisse continue à jouer un rôle central, en abritant diverses manifestations fédéralistes d’importance. On peut citer le discours de Winston Churchill à Zurich le 19 septembre 1946 qui plaide pour la constitution d’« Etats-Unis d’Europe », la Conférence d’Hertenstein (Lucerne) qui réunit au même moment un petit groupe de fédéralistes européens, puis le premier Congrès de l'Union européenne des fédéralistes à Montreux en septembre 1947.
Bien que s’inscrivant dans cette vague d’enthousiasme europhile, la revue fait ses premiers pas dans un contexte politique caractérisé par les tensions de la guerre froide qui, au fil des mois, se font de plus en plus aigues. Si on y ajoute un certain nombre de dissensions internes, cette évolution peut expliquer l’existence relativement éphémère de cette revue.
Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Equipe
Le pilier de la revue est incontestablement son directeur et seul rédacteur régulier Léon Van Vassenhove. Écrivain et journaliste d’origine française, il est employé durant la guerre à Berne en tant que directeur du Bureau français d’informations (Havas). C’est pendant son séjour en Suisse qu’il rentre en contact avec Hermann Hauser, directeur des Editions de La Baconnière : celles-ci accueillent plusieurs de ses ouvrages dont L’Europe helvétique: étude sur les possibilités d’adapter à l’Europe les institutions de la Confédération helvétique, publié en 1943. On peut supposer que le lancement de la revue est une forme de prolongement de cette collaboration.
La partie rédactionnelle de la revue est presque entièrement prise en charge par le directeur, lequel rédige seul les éditoriaux, les rubriques (« A travers l’Europe » et « Faisons le point en politique étrangère»), les articles de fond et les notices bibliographiques, qu’il signe soit de son nom, des initiales « L.V. » ou du nom de la revue. La sélection des contributions épisodiques, ainsi que la gestion de l’administration et de la publicité, sont faites en commun accord avec Hermann Hauser.
L’implication de Vassenhove au sein du réseau fédéraliste européen favorise et facilite l’accomplissement de ces tâches : elle lui permet à la fois de faire de la publicité à la revue et d’établir d’importantes collaborations rédactionnelles. La plupart des articles de la revue sont en fait l’œuvre de personnalités reconnues qui, par leurs contributions, apportent du crédit à la revue tout en nourrissant le débat. Assez hétérogène dans ses orientations, la publication fait aussi bien place aux partisans d’une forme de fédéralisme intégral, tels que Alexandre Marc (secrétaire de l’Union européenne des fédéralistes - UEF), Henri Brugmans (président du bureau exécutif de l’UEF) et Henri Genet (président du comité central de l’UEF) qu’aux militants qui s’identifient avec le fédéralisme constitutionnel, comme les Italiens du «Movimento Federalista Europeo», Umberto Campagnolo (secrétaire général du MFE), Gino Luzzato et Giacomo Devoto. La revue héberge aussi d’autres importantes personnalités du fédéralisme comme Ram Linssen (fondateur en 1946 de l’hebdomadaire États-Unis d’Europe, avec lequel Vassenhove collabore occasionnellement) et Hans Bauer (président de l’Europa-Union suisse). Enfin, L’Action fédéraliste européenne s’assure également la collaboration d’hommes politiques, comme l’ancien chancelier de la République d’Autriche Kurt Schuschnigg et son compatriote le diplomate autrichien Theodore Hornbostel.
Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Etapes
La brève existence de L’Action fédéraliste européenne se caractérise par une certaine stabilité : comprenant 10 numéros entre 1946 et 1948 (dont un numéro double, le 8/9), la revue garde intacte sa structure, son titre et sa direction.
Cependant, la revue n’a jamais pu combler les aspirations et les objectifs de ses créateurs, Vassenhove et Hauser. La publication, censée en effet paraître dix fois par année, connaît une périodicité variable pouvant atteindre deux à trois mois. Les raisons sont à trouver dans le manque de ressources humaines (tout particulièrement les collaborateurs rédactionnels et les traducteurs), la difficulté à proposer des contributions de haute qualité et, enfin, les problèmes récurrents avec l’imprimerie coopérative de La Chaux-de-Fonds. La revue devait paraître aussi en langue allemande, voire en anglais, mais les problèmes financiers et le manque de personnel n’ont jamais permis à Vassenhove de mener à bien ce projet ambitieux.
Dans les derniers mois de 1947, ces problèmes financiers amènent l’éditeur à inclure dans la revue un appel aux lecteurs. Faute de soutiens et en dépit des nombreux efforts du directeur de la revue, la publication est suspendue en février 1948 après le dixième numéro. Une interruption qui coïncide avec le coup de Prague, un épisode qui a définitivement mis fin aux espoirs d’inclure les Etats de l’Est dans une fédération européenne et pousse les fédéralistes à s’aligner désormais sur une logique de blocs.
Cependant, Vassenhove, qui n’a jamais abandonné l’espoir de voir la création d’une Europe fédérée, tente de relancer la revue en 1950. Désormais collaborateur de l’Université de Fribourg, il informe Hauser de son intention de vouloir faire revivre L’Action fédéraliste européenne avec un «groupe fribourgeois», probablement issu du milieu universitaire. Cette tentative ne verra jamais le jour.
De par leur spécificité, les objectifs de L’Action fédéraliste européenne ne sont pas repris par un autre titre. D'autres revues s'inspirent toutefois des principes du fédéralisme et lui réservent une certaine place : c'est notamment le cas de Politeia, la revue de l'Institut international des sciences sociales et politiques de l'université de Fribourg et du Bulletin du Centre européen de la Culture.
Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Aspects formels
L’Action fédéraliste européenne se présente sous forme de petits cahiers (15,5 cm x 22,5 cm) avec un nombre de pages variable – entre 56 et 72, pour une moyenne de 65 pages –, exception faite pour le numéro double 8/9 (126 pages).
La structure typique de la revue comprend généralement un article de fond écrit par L.V. Vassenhove, diverses contributions ainsi que les deux rubriques principales « Faisons le point en politique étrangère » et « A travers l’Europe ». A cette structure portante s’ajoute une rubrique « Bibliographie » qui propose divers comptes rendus.
La revue reflète dans sa structure son intention d’être un organe à la fois d’information et d’action. En effet, la première partie de la revue se propose de contribuer à l’élaboration d’une doctrine fédéraliste commune à travers des articles qui traitent le fédéralisme du point de vue théorique (Alexandre Marc, « Le fédéralisme intégral ») et de sa réalisation concrète, aussi bien au niveau européen (Alexandre Marc, « Comment agir ? »), qu’au niveau local (Ram Linssen, « Un premier pas vers la Fédération européenne : l’union douanière hollando-belgo-luxembourgeoise »). La deuxième partie de L’Action fédéraliste européenne est consacrée aux deux rubriques « Faisons le point » et « A travers l’Europe », lesquelles soulignent l’importance de l’information et de l’action : la première signale les événements les plus marquants de la politique étrangère tandis que la seconde rend compte de l’actualité du mouvement – organisation des congrès, création de journaux ou nouveaux groupements – afin de faciliter la coordination de l’action fédéraliste européenne.
Le numéro double 8/9, entièrement consacré aux congrès fédéralistes de Montreux (août 1947) et de Gstaad (septembre 1947) est la seule exception à cette composition habituelle. Il reprend les principaux discours et déclarations des militants, ainsi que les résolutions adoptées à la conclusion des congrès.
Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Positions
L’Action fédéraliste européenne voit dans la création d’une fédération européenne non seulement une nécessité, mais aussi une conséquence presque logique de l’histoire et de la culture des peuples européens : une nécessité afin d’éviter l’éclatement d’une nouvelle guerre et la désintégration de l’Europe, une conséquence logique car les peuples européens partagent un « fond commun » qui est à la base de leur histoire, culture, économie et religions.
Cette fédération européenne doit se faire sur des selon des modalités bien précises. Elle doit prendre la forme d’un État fédéral, capable de garantir la sécurité et la survie de tous les membres, sur la base d’un transfert partie de souveraineté des états membres vers le pouvoir central (au contraire du modèle de la confédération d’Etats soutenu par les Anglais de l’ « Europe Federal Movement »). Une fédération « aussi complète que possible », qui englobe la totalité du continent, y compris les territoires européens de l’URSS : « La fédération que nous concevons n’est ni communiste, ni socialiste, ni catholique, ni protestante : elle est démocratique, et doit permettre le libre jeu, la libre concurrence des tendances intellectuelles qui s’affrontent sur le continent, dans le respect des institutions démocratiques fédérales […] » (« A propos des articles de Winston Churchill », AFE, IV, p. 7). Des institutions qui, quant à elles, doivent tirer profit du modèle constitué par la Confédération helvétique, « source des plus précieux enseignements ».
La fédération européenne conçue par les animateurs de la revue doit être libre et indépendante de toute tutelle ou leadership étrangers. En effet, son organisation ne doit pas être imposée par les grandes puissances (qui peuvent certes y contribuer), mais elle doit naître de la volonté des peuples européens eux-mêmes à se fédérer.
En ce sens, « la régénération de l’Europe est avant tout un problème d’éducation » : il faut éduquer au fédéralisme une population européenne depuis trop longtemps acquise aux idées hégémoniques nationalistes et totalitaires. Ce n’est qu’après avoir été gagnée par l’esprit fédéraliste que la population européenne sera en mesure d’influencer les élites dirigeantes des pays et d’imposer un nouvel ordre européen. Cette éducation doit se faire par le biais d’une « agence fédéraliste européenne », laquelle a le devoir de créer les conditions psychologiques nécessaire à l’acceptation de cet idéal.
De même, l’agence doit contribuer, avec l’aide de sociétés et d’organisations privées et populaires, à la construction de la fédération européenne proprement dite: en fait, la création de celle-ci doit être avant tout la tâche des peuples puisque les gouvernements sont trop occupés avec les « querelles » de l’après guerre et, en général, peu favorables à la perte, même partielle, de leur souveraineté.
Dans ses positions, L’Action fédéraliste européenne ne suit aucun courant précis, bien que beaucoup de ses idées se rangent plutôt du côté du fédéralisme intégral (notamment celle qui prévoit que la diffusion du fédéralisme se fasse par le bas). Fidèle à son mandat, la revue fait place aussi aux autres courants fédéralistes (notamment le fédéralisme constitutionnel), à l’exception peut-être du courant des unionistes, lequel plaide pour une confédération plutôt qu’un état fédéral. En publiant des articles qui ne reflètent pas complètement ses idées, la revue se veut une véritable tribune ouverte à plusieurs voix.
Pour ce qui concerne l’actualité, la revue dénonce ouvertement la division en « blocs » de l’Europe. De même, sa conception de fédération européenne se démarque de celle d’un Churchill, qui conçoit la fédération comme rempart face au communisme de l’Union soviétique. Sur la question allemande, L’Action fédéraliste européenne préconise une Allemagne unifiée et membre à part entière de la fédération européenne, pour autant qu’elle ait entrepris une indispensable régénération idéologique et abandonné l’esprit pangermaniste.
Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Financement
Le financement de L’Action fédéraliste européenne est le défi majeur auquel Hermann Hauser et Léon van Vassenhove doivent faire face ; insurmontable, il sera l’une des causes de la suspension de la revue (l’année 1947 se termine avec un déficit d’environ 20 000 francs suisses) et conditionnera largement sa qualité.
En absence de gains publicitaires et de subventions, les Editions de la Baconnière endossent la totalité des coûts de production, de publication et de diffusion. En fait, les demandes de soutien financier ou publicitaire envoyées aux différentes associations et institutions (telles que Pro Helvetia ou Europa-Union suisse) ne produisent pas de bons résultats. De même, l’appel aux lecteurs publié dans le dixième (et dernier) numéro n’obtient pas le succès espéré : l’idée d’une Société des Amis de L’Action fédéraliste européenne, qui aurait dû s’occuper de rassembler les fonds nécessaires à la survie et au développement de la revue n’a probablement jamais vu le jour.
Le faible nombre d’abonnés, qui ne correspond pas aux efforts publicitaires de Hauser et de Vassenhove, péjore la situation financière du titre. Les raisons de cet échec doivent être trouvées aussi bien dans la situation économique des militants fédéralistes eux-mêmes que dans divers problèmes douaniers et postaux. Qui plus est, le taux défavorable du franc suisse entrave considérablement la diffusion de la revue au niveau européen.
Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Rayonnement
Il n’y a pas d’indications certaines et précises sur le rayonnement de L’Action fédéraliste européenne : pour ce qui regarde son tirage et sa diffusion effective, seules des hypothèses peuvent être faites.
Idéalement, la revue aurait dû être imprimée à 4000 exemplaires, diffusée dans toute l’Europe et atteindre les élites aussi bien que les milieux économiquement moins favorisés. En réalité, le tirage était très inférieur (probablement entre 1000 et 1500 exemplaires), la diffusion se limitait à la France, à la Suisse romande et à l’Italie et le public atteint se composait principalement de fédéralistes engagés et de spécialistes.
Le tirage ainsi que la diffusion de la revue étaient limités par les difficultés financières que doit affronter la revue, par la difficulté d’exportation à l’étranger (questions de prix et de douanes) et par des raisons d’ordre linguistique. En matière de diffusion, le caractère très spécialisé de la revue ne lui a pas permis d’atteindre un large public ; les nombreuses publications concurrentes au sein même du mouvement fédéraliste ont limité également son rayonnement.
En dépit des efforts publicitaires de la part d’H. Hauser et de L. van Vassenhove, L’Action fédéraliste européenne n’a pas réussi à conquérir les abonnés nécessaires pour assurer sa survie.
Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Textes programmatiques
« Le postulat de la création de la présente Revue est la nécessité imprescriptible d'une Europe fédérée, comme l'un des remèdes essentiels à la crise universelle qu’a léguée au monde la plus atroce des guerres et dont la prolongation indéfinie ne peut aboutir qu’a une nouvelle conflagration où se jouerait l’existence même de l’humanité. Cette nécessité, nous n’y insisterons pas dans ce préambule : ce sera une des tâches propres de la revue.
[…]
« Son but est d’offrir aux personnalités des divers pays d’Europe susceptibles de contribuer à la solution du problème fédéraliste européen une tribune où elles aient l’occasion de développer leurs vues sur les sujets juridiques, économiques, sociaux, voir historiques ou philosophiques qui sont de leur compétence. »
[…] « Ainsi, tout en contribuant à répandre l’idéal fédéraliste, nous n’en serons pas moins, au premier chef, organe d’information, et c’est dans ce double effort que nous paraît résider, pour une bonne part, l’intérêt de notre création. Ce n’est en effet que par une confrontation des opinions parfois les plus opposées que les fédéralistes européens pourrons dégager en toute connaissance de cause et avec les égards qui sont dus aux objections pertinentes de lieu, de temps et aux considérations d’ordre pratique, l’unité de doctrine qui leur fait encore défaut et qui leur est si nécessaire. »
[…]
« L’Action fédéraliste européenne, comme son titre l’indique, met l’accent au moins autant sur la nécessité d’agir que sur celle de penser, sur l’esprit constructif que sur l’esprit critique. Elle s’adresse à la fois aux dirigeants et aux dirigés, aux hommes d’État et aux hommes du peuple, aux élites et aux foules. Son but immédiat est même de contribuer à créer en Europe un mouvement populaire général en faveur du fédéralisme. Nous pensons en effet avec le Souverain Pontifie Pie XII, que si les peuples « n’avaient pas manqué de la possibilité de contrôler les pouvoirs publiques, le monde n’aurait pas été entraîné dans le tourbillon désastreux de la guerre », avec M. Ernest Bevin, que « la politique étrangère ne doit pas être l’affaire d’une faible minorité de la population ».
[…]
Action fédéraliste européenne, n°1, pp. 3-4
Avis contemporains
Le lancement de L’Action fédéraliste européenne ne suscite pas beaucoup d’intérêt auprès de la presse suisse : la revue n’est mentionnée que dans les annonces publicitaires ou dans les rubriques concernant les nouvelles littéraires.
Par contre, dans les milieux fédéralistes la revue semble recevoir un peu plus d’écho et de reconnaissance : en tout particulier, durant la conférence presse du congrès de Gstaad, le conférencier le comte Coudenhove-Kalergi exprime sa satisfaction vis-à-vis de L'Action fédéraliste européenne, «seule revue fédéraliste européenne non liée à un mouvement ou à une idéologie spécifique». Dans l’appel aux fédéralistes européens publié dans le dernier numéro de la revue, Léon van Vassenhove témoigne des nombreuses appréciations reçues «de Suisse, de France, d’Angleterre, d’Italie, d’Autriche, d’Amérique même […] » (AFE, X, «Appel aux fédéralistes européens»).
- Léon VAN VASSENHOVE (1886 - 1966)
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Écrivain et journaliste d’origine française, Léon Van Vassenhove a beaucoup voyagé — Téhéran, Rio de Janeiro et Vienne — avant de s’établir en Suisse en 1938, où il est nommée directeur du Bureau français d’informations (HAVAS). Il cultive aussi de nombreux autres intérêts et activités: il collabore avec La Gazette de Lausanne, devient à partir de 1940 membre du mouvement fédéraliste suisse d’Europa-Union, poursuit son activité littéraire comme écrivain et comme traducteur des œuvres de Pestalozzi. Dans ce contexte il rencontre l’éditeur Hermann Hauser (La Baconnière) chez lequel il publie ses ouvrages principaux, L’Europe helvétique (1943), étude sur la possibilité d’adapter à l’Europe les institutions de la Suisse et Le préjugé de la guerre inévitable (1945) dans lequel il exprime déjà ouvertement son idéologie fédéraliste. En 1945, il obtient le grade de docteur grâce à sa thèse en histoire contemporaine auprès de l’Université de Fribourg (Guerre et diplomatie. Les médiations des grandes puissances pendant la crise de juillet 1914) où il sera ensuite collaborateur. Il cherchera en vain à obtenir la création d’un département d’«Études européennes».
Dès la fin de la seconde guerre, il s’engage dans l’action fédéraliste, en fondant la revue l’Action fédéraliste européenne (1946) et en militant activement au sein des milieux fédéralistes européens. Il prend part à nombreux congrès, notamment le Congrès d’Hertenstein en septembre 1946. En décembre de la même année, il participe à la réunion fondatrice de l’Union européenne des fédéralistes, durant laquelle il pose sa candidature comme président, mais Alexandre Marc lui est préféré.
Après la fin de la publication de l’Action fédéraliste européenne il continue sa collaboration universitaire, son activité littéraire, sa profession de journaliste et son engagement en faveur de la cause fédéraliste. Il publie des ouvrages inhérents aux problématiques historiques et politiques d’Autriche (question du Sud Tyrol) et d’Algérie.Vanessa Bignasca & Martina Zamaroni
Références bibliographiques de la littérature secondaire
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, L’esprit européen en Suisse de 1860 à 1940 , Genève : Cahiers d'Histoire contemporaine, 1990, 104 p.
-
, L'Action fédéraliste européenne , Fribourg : Université de Fribourg (séminaire), 1992, 32 p.
-
, Vers une Europe fédérale? Les espoirs et les actions fédéralistes au sortir de la Seconde Guerre mondiale , Bruxelles : Peter Lang, 2006, 418 p.
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, Histoire de l’idée fédéraliste. 3. Les lignes proudhoniennes. , Paris : Presses d'Europe (coll. Réalités du présent), 1981, 284 p.