Revues Culturelles Suisses

Revue

Lettres*

Présentation sommaire

Née en réaction à la guerre, la revue Lettres est lancée à Genève en janvier 1943. Littéraire avant tout, elle participe au rayonnement des auteurs français durant l’Occupation en publiant essentiellement de la poésie. Derrière les vers ou la prose, les pages de Lettres laissent parfois entrevoir l’antifascisme d’une rédaction discrète sur le plan politique, qui ne sera jamais inquiétée par la censure. Ce périodique a ainsi occupé à sa manière, avec son ouverture aux littératures étrangères et sa qualité reconnue outre-frontières, une place à prendre dans le champ culturel romand des années sombres.


Florence Bays


Création

A Genève en 1942, un groupe d’intellectuels se réunit régulièrement autour de Pierre Jean Jouve et son épouse Blanche Reverchon, exilés volontaires en Suisse depuis 1941. Tous sont amateurs de poésie et révoltés contre le nazisme et l’occupation de la France. Parmi eux: Marcel Raymond, l’Abbé Journet, Pierre et Pierrette Courthion, puis le jeune Jean Starobinski. Au fil des discussions germe l’idée de créer la revue littéraire Lettres. Inspiré par Jouve, le projet se concrétisera grâce au travail organisationnel et administratif de Pierre et Pierrette Courthion, respectivement directeur et rédactrice en chef du périodique. Ainsi, Lettres paraîtra à Genève sous les presses de l’imprimerie Kundig de janvier 1943 à janvier 1947.


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Equipe

Une fois n’est pas coutume, c’est un couple, avec un vrai partage des tâches, qui dirige la revue: Pierre et Pierrette Couthion. Le premier, né à Genève en 1902, historien de l’art et poète, est d’origine valaisanne tandis que son épouse Pierrette, née en …*, est genevoise. Dans les années trente, ils vivent à Paris où Pierre dirige la Fondation suisse dans la Cité universitaire. En raison des événements, le couple rentre en Suisse en 1940. Dès leur retour à Genève, le futur directeur de Lettres fréquente artistes et hommes de lettres, comme Auberjonois et Cingria, alors que son épouse travaille en tant que bénévole à l’agence de la Croix-Rouge et s’investit corps et âme dans la Résistance au sein d’un réseau français. Son engagement actif, les risques pris en transportant des documents et de l’argent en provenance de Londres contrastent avec «la résistance sur papier» à laquelle se tiennent les amis de son mari – Jouve, Raymond, Starobinski. Si son mari est à l’origine de la revue, Pierrette se dévoue pourtant pour «Lettres»: elle se charge notamment de récolter des manuscrits, établit des contacts avec les Français et récolte des fonds. Son pragmatisme va toutefois se heurter à la susceptibilité de Jouve. Cette incompatibilité entraînera une rupture définitive entre le maître spirituel et la rédactrice en chef, titre «officiel» de Pierrette Courthion. Par contre, contrairement à son époux, Pierrette ne prend pas la plume pour «Lettres». En plus de notes et d’articles sur la peinture ou sur la France («La France debout»), Pierre Courthion s’occupe du hors-texte; il apporte une consonance très artistique à certains cahiers où se succèdent des reproductions de qualité de Balthus, Auberjonois, Klee, Lapicque, Seligmann. La sensibilité artistique de Jouve, ami de Balthus, a certainement conforté cette orientation. En 1943, les premiers comités de direction sont composés de Pierre Courthion, Jean de Salis, Pierre Jean Jouve, Jean Starobinski. Ce dernier, recommandé et présenté par Marcel Raymond professeur à l’Université de Genève et ami de Jouve, intègre rapidement le noyau formé par les fondateurs. Quant à de Salis, il est un ami de longue date de Pierre Courthion. Sa réputation en Suisse alémanique et ses nombreuses relations dans les cercles de pouvoir facilitent l’obtention des fonds en servant de caution à la jeune revue. Mais le professeur zurichois n’assiste jamais aux réunions du comité. A plusieurs reprises, Salis et Jouve vont presser Raymond de collaborer au comité. Il accepte à la fin 1943, en même temps que Georges Haldas, un de ses anciens étudiants. Lettres compte très peu de collaborations régulières en dehors de son comité; la majorité des 168 collaborateurs ne donne qu’un ou deux textes à la revue durant ces cinq ans d’existence. Onze peintres voient leurs œuvres reproduites en hors-texte.


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Etapes

La rédactrice en chef et plusieurs membres du comité – Pierre Courthion, Jean Starobinski, Georges Haldas, Marcel Raymond – sont restés fidèles à leur poste de 1943 (début 1944 pour Raymond et Haldas) à 1947. Cette continuité a garanti le respect des objectifs des fondateurs. En raison de différends personnels avec Pierrette Courthion, Jouve quitte le comité au début de la deuxième année de parution, soit en mars 1944. Il entraîne Jean de Salis à sa suite. Cette crise au sein de l’équipe de Lettres a entraîné une restructuration du comité, sans pour autant altérer la synergie du groupe ou modifier la ligne éditoriale. A partir de 1944, différents intellectuels rejoignent l’équipe de base privée de Jean de Salis et de Pierre Jean Jouve. Ce sont: André Rousseaux (1944 à 1946), critique littéraire au Figaro, l’éditeur et poète Guy Lévis Mano (après sa libération en 1945 et jusqu’en 1947), Charly Guyot (1945-1946) et Jean Rousset (fin 1946-1947), deux critiques suisses.


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Aspects formels

Lettres contient des textes littéraires et quelques notes critiques. Dans un premier temps beaucoup de poésie lyrique venue de France y est publiée, puis, le tournant pris par les événements va peu à peu délier les langues et étendre la protestation à tous les genres: récits, essais et même études littéraires contiennent parfois un message engagé alors que d’autres textes sont choisis sur des critères purement esthétiques. Pour affirmer les valeurs humanistes à défendre, on recourt volontiers à des textes classiques ou antérieurs à la guerre. Puiser dans la tradition littéraire permet de légitimer la lutte pour la liberté et d’ériger un rempart face à la propagande de Vichy. Les poètes de la Résistance y travaillent également. A ce propos, un article important voire fondateur, concernant à la fois la littérature et l’actualité paraît en 1943 : «Introduction à la poésie de l’événement» de Jean Starobinski. Le critique y analyse la poésie en temps de guerre en tenant compte des rapports entre «le moi du poète, l’événement présent, et un troisième terme, divin ou surnaturel, en fonction duquel toute grande poésie acquière son intensité». Cette étude aura un grand retentissement. En cinq ans d’existence Lettres a sorti 23 numéros (6 par an de 1943 à 1945; 4 en 1946, 1 en 1947). Plusieurs cahiers spéciaux sur une ou l’autre littérature étrangère paraissent: en 1944, le premier numéro est consacré à la littérature anglaise et le quatrième à la littérature italienne, l’année suivante, c’est la littérature autrichienne qui est à l’honneur (n°4) alors que le cahier consacré à Ramuz (n°6) témoigne de l’intérêt de Lettres pour les auteurs romands. Quelques auteurs d’Espagne et d’Amérique latine apparaissent aussi parfois au sommaire. Il en est ainsi en janvier 1943: le comité amorce étonnamment son premier numéro avec des sonnets d’un poète espagnol. Loin d’être un phénomène isolé dans le contexte éditorial et revuistique de Suisse romande durant la Deuxième Guerre mondiale, la revue littéraire des Courthion présente pourtant une spécificité intéressante: la fréquente publication de traductions.


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Positions

Raviver les valeurs essentielles face aux menaces d’asservissement, faire connaître les jeunes auteurs romands et assigner une fonction et une responsabilité à la poésie sont les principaux objectifs de Lettres. L’humanisme affiché par la revue apparaît déjà dans l’épigraphe de Vauvenargues «La servitude abaisse les hommes jusqu’à s’en faire aimer». Le refus d’abdiquer est exprimé au travers des textes, parfois cachés derrière les mots; il appartient au lecteur de se forger une opinion en décelant le message plus ou moins opaque selon les auteurs. La rédaction n’exprime pas directement son soutien aux Alliés dans des éditoriaux mais ses choix en disent long sur son engagement dans une résistance de l’esprit. Affirmer le refus de l’occupation allemande et prier pour la libération, deux leitmotivs parfois masqués par toute une symbolique et une rhétorique. Thème récurrent, «la quête de la France» est décliné sur un ton lyrique par les poètes en exil. On assiste à une gradation des prises de position dès la fin 1944. La réserve du début laisse place à des opinions moins voilées transmises par le biais de textes en prose. A cette époque, la rédaction participe à la dénonciation des collaborateurs, Drieu la Rochelle notamment. Au sein du comité, plutôt que d’opinions politiques convergentes, on remarque un positionnement similaire face à l’événement: un antifascisme résolu. A noter tout de même la coloration catholique de gauche de ce milieu: Jouve, l’abbé Journet, le poète Pierre Emmanuel, Jean-Léon Donnadieu, Pierre Courthion sont des catholiques fervents. Engagée dans la résistance intellectuelle à sa façon, Lettres se démarque de ses contemporaines Traits et Suisse contemporaine en s’adressant avant tout aux amateurs de littérature. L’antifascisme de Lettres se manifeste dans certains textes, d’autres ne révèlent aucun engagement particulier et sont retenus en fonction de critères purement esthétiques. En phase avec l’actualité malgré tout, la revue des Courthion partage avec ses consoeurs un regard critique sur les puissances de l’Axe et Vichy. En 1947, l’épigraphe de Vauvenargues est remplacée par une citation de Jean Jaurès qui contient en substance la ligne défendue par les promoteurs dès le premier numéro: «La poésie c’est-à-dire la vérité». En définitive, la tiédeur de Lettres s’explique en partie par son caractère littéraire et la crainte d’être censurée. Sa prudence lui vaudra une mise à l’écart après guerre lorsqu’il s’agira de citer les périodiques engagés.


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Financement

Les chiffres manquent dans les maigres archives à disposition. En 1943 et 1944, Jean Rodolphe de Salis a permis d’obtenir des fonds (de Gottlieb Duttweiler entre autres), par contre le financement des années suivantes reste obscure. Sur la liste des Amis de Lettres figurent les noms de chefs d’entreprise, de docteurs et de professeurs; de Salis récolte 2'020.- par le biais de son réseau. De leur côté, les Courthion obtiennent 770.- de: Jacques Salmonwitz, William Kundig, Alexis Grasset. Leur ami Maurice Trolliet a quant à lui fait appel à la générosité d’Henry Burrus. En plus de ces «coups de pouce» financiers, le conseiller d’Etat valaisan, par ailleurs oncle du jeune collaborateur Maurice Chappaz, intercède auprès d’Eduard von Steiger afin d’obtenir les autorisations nécessaires à la publication. Lors de la demande de subside adressée à Pro Helvetia, Trolliet tente à nouveau d’aider les Courthion en appuyant leur demande directement auprès du conseiller fédéral Etter tandis que de Salis écrit un mot à la fondation. Aucun subside ne sera finalement accordé à Lettres. On relèvera que la charge financière et administrative incombe entièrement aux Courthion. Qu’en est-il de la publicité et des prix de vente ? Dans les premiers numéros, on remarque une quasi-absence de publicité alors qu’elle est très présente en 1946. A l’achat, le prix du cahier se monte à 3.50 en 1943 puis passe à 2.50 en 1944. Celui des cahiers spéciaux s’élève à 5.-. Des abonnements annuels sont proposés aux lecteurs au prix de 15.- ainsi que des abonnements de soutien à partir de 30.-. Dons privés et ventes doivent couvrir les frais qui se seraient élevés, si l’on en croit un projet de budget des Courthion, à environ 4'200.- la première année. Les collaborateurs étant bénévoles, les dépenses concernent essentiellement les frais d’impression. A la fin 1946, les problèmes financiers de la revue sont irrémédiables, la baisse générale de la demande entraîne la fin de Lettres.


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Rayonnement

A ses débuts, Lettres est principalement diffusée en Suisse. A partir de novembre 1944, elle est vendue en France, puis en Belgique au début 1946. On ne connaît ni la répartition ni le nombre d’exemplaires vendus à l’étranger et en Suisse. En 1943, les Editions Marguerat de Lausanne sont le dépositaire général pour la Suisse. En 1944, Walter Egloff prend le relais pour une année, relais qu’il passe aux Messageries Skira en 1945. En 1946, La Diffusion du livre devient dépositaire général tandis que pour le dernier numéro de janvier 1947, les Editions Pierre Cailler se chargent de la diffusion en «Suisse et autres pays». Les archives de l’imprimerie Kundig nous fournissent quelques chiffres. En 1943, Lettres est tirée à 600 exemplaires. Les Courthion souhaitent augmenter le tirage mais se heurtent au refus de l’imprimeur qui doit tenir compte du contingentement du papier. Plusieurs cahiers de 1944-1945 ont été tirés à 2'500 exemplaires et deux numéros ont même atteint (ou dépassé pour le n°5) 3'000 exemplaires tout comme le premier de 1946. En 1945, 4'000 exemplaires du n°5 sont en effet envoyés aux Messageries Hachette, à la Maison du Livre français, au Ministère des Affaires étrangères et aux Messageries Skira. Tout porte à croire que Lettres a été diffusée légalement en France au vu de son contenu. Il est difficile de savoir si tous les exemplaires ont suivi les méandres de l’administration ou si des voies officieuses ont été empruntées.


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Textes programmatiques

Dans le premier numéro, les fondateurs de la revue expliquent brièvement quels sont leurs buts : «La revue Lettres a pour principal but d’animer et du susciter les talents dans la jeune génération de langue française, en Suisse romande et en France». A la fin du dernier cahier de 1943, la rédaction fait un bilan de l’année écoulée et ajoute le nouvel objectif qu’elle s’est fixé : «Notre ambition serait de faire de Lettres la revue destinée à entretenir les échanges spirituels entre la Suisse et les pays de langue française». L’épigraphe de Vauvenargues présente en tête de chaque cahier agit en quelque sorte comme un manifeste implicite : «La servitude abaisse les hommes jusqu’à s’en faire aimer.»


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Avis contemporains

Les contemporains de Lettres reconnaissent sa qualité littéraire ; à titre d’exemple, Gilbert Guisan écrit à son propos dans Suisse contemporaine (n° 8, 1944, p. 860) : « Une fois de plus cette revue se montre d’une tenue littéraire exceptionnelle ». Fontaine partage son point de vue. A Alger, on annonce ainsi la sortie de Lettres dans le numéro 26, puis on commente ses débuts (Fontaine, n°30) : « De Suisse nous parvient Lettres. Sous la direction de Pierre Jean Jouve et de Pierre Courthion, cette revue luxueusement éditée semble de prime abord anachronique. Conçue comme Mesures elle ne présente que des textes, prose ou vers, et ne comporte pas de partie critique. Et on n’y trouve aucun écho direct de la tragédie de notre temps. Mais le choix des textes est significatif ainsi que la phrase de Vauvenargues en exergue : “La servitude abaisse les hommes jusqu’à s’en faire aimer”. Cette revue entend servir la grandeur et la dignité humaines et préserver les biens les plus précieux de l’homme et au premier chef : la liberté. Les poèmes de Pierre Jean Jouve, le long fragment de Meurtre dans la Cathédrale de T. S. Eliot en témoignent ainsi que maints autres textes et particulièrement celui de Pierre Courthion, La France debout : “ La France est debout partout où elle est consciente ; elle aura son heure, son combat, sa virile blessure ; elle trouvera le moyen de préserver, de concilier en un hardi parallèle, peut-être même d’associer (à l’exemple de l’unité religieuse dont l’Eglise a la garde) l’individu et la communauté, ces deux forces de l’homme, lesquelles en s’opposant menacent de tout détruire.” »


Florence Bays

Sous-titre
Périodicité
De 1943 à fin 1945 bimestrielle ; 1946 : trimestrielle ; 1947 : 1 n°.
Dates de parution
Janvier 1943 - Janvier 1947
Pagination
En 1943 une soixantaine de pages. Dès 1944, 96 pages brochées au fil de lin
Format
1943 : 16 cm x 22 cm, de 1944 à 1947 : 14 cm x 19 cm.
Année de fondation
1943
Lieu d'édition
Genève
Rédacteur responsable
Editeur
Pierrette Courthion
Imprimeur
Imprimerie Kundig à Genève
Prix
3.50 en 1943, 2.50 ou 3.- dès 1944, 5.- les n° spéciaux
Remarque
En 1943, les cahiers sont plus luxueux que par la suite : papier plus épais, plus grand format, etc.
Pierre COURTHION (1902 - 1988)

Suisse d'origine valaisanne, il a vécu longtemps à Paris avant la guerre où il dirigeait la fondation suisse dans la cité universitaire de Paris. Historien et critique d'art reconnu. Il est retourné à Paris à la fin de la guerre.

Florence Bays

Jean-Rodolphe DE SALIS (1901 - 1996)

Cet historien a enseigné à l’EPFZ. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il devient célèbre grâce à l’émission de radio hebdomadaire qu’il anime, Weltchronik.

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Georges HALDAS (1917 - 2010)

Né à Genève le 14 août 1917 de père italo-grec et de mère suisse, Georges Haldas est un poète et écrivains membre du comité de Rencontre dès le 12ème numéro de novembre 1951. Il étudia les lettres à l’université de Genève puis consacra sa vie à l’écriture. Ecrivains engagé, il dénoncera «tout ce qui nuit à l’égalité et la la dignité des hommes». Durant la guerre froide, il sera fortement favorable à une coexistence pacifique avec l’URSS, opinion qui transparaîtra dans la revue Rencontre. L’écrivain a publié une soixantaine de livres et a reçu le Prix Schiller en 1971 et 1977. Il est décédé le 24 octobre 2010 au Mont-sur-Lausanne.

Remi Quentin & Kirthana Wickramasingam


Ecrivain né à Genève, d’origine suisse par sa mère et grecque par son père. Il a été l’élève d’Albert Béguin au Collège de Calvin et a suivi les cours de Marcel Raymond à l’Université de Genève. Ses premiers poèmes regroupés sous le nom de Cantique de l’Aube ont paru dans les Cahiers du Rhône.

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PIERRE JEAN JOUVE (? - ?)

Poète, romancier, essayiste français. La Suisse a joué un rôle important dans son œuvre ; il y séjourne à plusieurs reprises et y rencontre Romain Rolland. Sous l'influence de l'unanimisme, Jouve compose une série de recueils qu'il rejettera en 1925. A cette époque, il se dirige vers le mysticisme et l'exploration de l'inconscient. Durant la Seconde Guerre mondiale, en exil à Genève, il participe à la résistance intellectuelle et inspire notamment la revue Lettres. La Vierge de Paris, une de ses œuvres majeures, sera composée durant cette période-là. En 1945, il retourne à Paris mais il séjournera régulièrement en Suisse à Sils Maria jusqu'à la fin de sa vie.

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Marcel RAYMOND (1897 - 1981)

Né à Genève, il a enseigné à l’Université de Bâle puis à celle de Genève. Il est, tout comme son ami Albert Béguin, à l’origine de l’Ecole de Genève, école de critique littéraire à laquelle vont collaborer Jean Rousset puis Jean Starobinski. Attaché à la démocratie et à ses valeurs, il adhère à Action de résistance nationale en 1940. Sur le plan professionnel, sa thèse sur Ronsard ainsi que son ouvrage De Baudelaire au surréalisme vont lui apporter une renommée allant bien au-delà des frontières helvétiques. Outre la revue Lettres, il participera aux Cahiers du Rhône, à Suisse contemporaine et à la collection du Cri de La France à la LUF.

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Jean STAROBINSKI (1920 - ?)

D’origine polonaise, il est né à Genève en 1920. Etudiant en lettres classiques, il est élève de Marcel Raymond, puis, à partir de 1942, étudie la médecine après avoir obtenu sa licence ès lettres. A cette époque, le jeune et brillant intellectuel écrit ses premiers articles dans Lettres et dans Suisse contemporaine, préface un choix de textes de Stendhal et ses propres traductions de Kafka, deux ouvrages publiés à la L.U.F. en 1943 et 1945. Professeur de littérature à l’Université de Bâle et de Genève dès la fin des années cinquante, il a également enseigné l’histoire de la médecine et celle des idées. Jean Starobinski a été l’un des principaux représentants de la deuxième génération de l’Ecole de Genève fondée dans les années 1930 par Albert Béguin et Marcel Raymond. Ce courant de la « nouvelle critique », a donné un profond renouveau à la critique littéraire en Suisse et en France. Les œuvres critiques de Starobinski ont rencontré un succès international.

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Références bibliographiques de la littérature secondaire

  • (Anonyme), Louis & Pierre Courthion: Bagnes, Genève, Paris: voyages en zigzag , ROTH, Simon (dir.), Le Châble : Musée de Bagnes, 2004, 167 p.
  • BAYS, Florence, « Pierre Jean Jouve en exil à Genève 1941-1944 : inspirateur de la revue “Lettres” », Matériaux, n° 67, September 2002, pp. 61-65
  • BAYS, Florence, « La servitude abaisse les hommes jusqu’à s’en faire aimer. » Lettres (1943-1947). Une revue littéraire face aux événements , Fribourg : Mémoire de licence, 2001
  • CLAVIEN, Alain et GULLOTTI, Hervé et MARTI, Pierre, "La province n’est plus la province”. Les relations culturelles franco-suisses à l'épreuve de la Seconde Guerre mondiale (1935-1950) , Lausanne : Antipodes, 2003, 365 p.