Berner Rundschau*
Présentation sommaire
La Berner Rundschau (1906-1910) est l’une des nombreuses revues qui témoignent, au début du 20e siècle, de l’inquiétude saisissant alors une partie de la jeunesse suisse, face à ce qui paraît être une crise spirituelle du pays. Dénonçant un matérialisme envahissant, troublée par les mutations socio-économiques, sceptique face au monde politique parlementaire elle veut travailler à renforcer une culture suisse qui se révèle malaisée à définir, mais qui constitue à ses yeux la seule réponse valable à la crise diagnostiquée. Redéfinir ainsi la culture suisse est aussi pour cette nouvelle génération une manière de se légitimer en accrochant son activité intellectuelle à une exigence nationale que l’ancienne génération aurait méconnu.
Alain Clavien
Création
Face l’urbanisation débridée qui abat vieux quartiers et les remplace par des bâtiments modernes, face au développement du tourisme et des chemins de fer de montagne et, de manière plus générale, face à l’exode rural et à l’industrialisation du pays, plusieurs intellectuels suisses s’inquiètent au début du 20e siècle. Ils dénoncent un matérialisme qui ne respecte rien et qui défigure le pays, et par là-même son âme. Plusieurs d'entre eux se réunissent en juillet 1905 pour créer l’association pour la protection de la Suisse pittoresque, plus connue sous sa dénomination allemande de Heimatschutz. Ce sont des jeunes gens gravitant autour de ce mouvement qui lancent en été 1906 la Berner Rundschau. S'ils partagent les préoccupations du Heimatschutz, ils désirent toutefois intégrer les luttes contre la dégradation des paysages et pour la sauvegarde des sites dans un combat plus large. Pour son rédacteur en chef Franz Otto Schmid, la Suisse traverse une grave crise de civilisation, à laquelle il est urgent de répondre. Et la seule réponse possible consiste en un renforcement de la culture nationale. Un tel diagnostic n’est alors pas exceptionnel. En effet, désorientés par des mutations sociales où ils croient discerner les symptômes d’une dégénérescence, sans illusion face à des élites politiques empêtrées dans les affaires, nombreux sont les intellectuels suisses de la génération née autour des années 1880 qui, en ce début de siècle, s’interrogent, à la recherche d’une identité et d’une culture nationales malaisées à définir. Plusieurs «revues de jeunes» lancées au début du siècle expriment cette inquiétude: La Voile Latine (1904-1910) puis Les Feuillets (1911-1913) en Suisse romande, Der Samstag (1904-1913) à Bâle, Wissen und Leben, lancée en 1907 à Zurich. Loin d'être un phénomène isolé, la Berner Rundschau est l'une des pièces d'une nébuleuse de revues formant le courant helvétiste.
Alain Clavien
Equipe
La revue est lancée le 15 août 1906 par un jeune homme de 27 ans, Franz Otto Schmid, qui s’est acquis une certaine réputation dans les milieux de jeunes artistes et écrivains. Ce fils d’un potier bernois avait entamé des études universitaires qu’il n’a jamais pu mener à terme, faute d’argent. Depuis 1904, il travaille comme archiviste au service de la riche famille von Hallwyl. Mais les recherches érudites ne sont qu’une tâche alimentaire, le jeune homme s’intéresse surtout à l’art et il a des prétentions dans ce domaine. En 1905, il termine un pièce de théâtre, Ein Helden Ende, qui doit, selon lui, renouveler le genre alors très en vogue du «drame national». Ses prises de position souvent virulentes sur la question lui valent d’âpres disputes avec le feuilletoniste du Bund, le fameux Johann Viktor Widmann, et avec Otto von Greyerz, responsable de la programmation du Stadttheater de Berne… Sa pièce ne sera jamais joué à Berne, alors qu’elle rencontre un succès d’estime à Bâle. Ces polémiques ont donné une certaine aura à Schmid qui paraît alors aux yeux de plusieurs auteurs de la jeune génération comme une victime courageuse des pouvoirs en place. Il est bientôt rejoint par des écrivains nés comme lui dans les années 1880, actifs dans le journalisme surtout, et encore à la recherche d’une légitimité. Parmi eux, Carl Alfred Loosli, Rudolf Hunziker, Eduard Korrodi, Jakob Bührer ou Konrad Falke. Mais Schmid n’a pas l’aura nécessaire, ni le temps, pour rallier autour de sa revue une équipe régulière et cohérente. La Berner Rundschau ne sera donc pas l'organe d'un groupe homogène à la ligne idéologique claire; elle est plutôt une revue-forum qui ouvre généreusement ses pages à un grand nombre de signatures souvent de passage.
Alain Clavien
Etapes
En été 1908, après deux années d’existence, un changement de sous-titre manifeste une évolution sensible depuis quelque temps déjà: de «Halbmonatsschrift für Dichtung, Theater, Musik u. bildende Kunst in der Schweiz», la Berner Rundschau devient «Halbmonatsschrift für schweizerische und allgemeine Kultur». Le recentrement sur la notion de culture suisse traduit une prise de conscience progressive: la culture n’est pas un simple élément parmi d’autres de la vie du pays, à côté de la politique, de la technique ou de l’économie. La culture nationale, à définir et à valoriser, est l’élément central d’une définition identitaire du pays.
En juin 1910, Fransz Otto Schmid abandonne la direction de sa revue à Hans Bloetsch. Depuis plusieurs mois, il est souvent en voyage sur mandat de la famille Hallwyll pour laquelle il mène des recherches archivistiques.
Né en 1878, Hans Bloesch est le fils d’un pasteur et universitaire bernois. Après une thèse en histoire et une année parisienne pendant laquelle il est secrétaire d’une petite revue scientifique, la Feuille des jeunes naturalistes, il est correspondant à Rome de quelques journaux alémaniques. En 1909, de retour au pays, il travaille comme écrivain et journaliste libre. Bloesch est un ami proche de Carl Alfred Loosli et de Rudolf Hunziker, deux hommes qui l’ont certainement introduit à la Berner Rundschau. Pendant l’été 1910, le nouveau rédacteur repense la revue qui paraît en septembre 1910 avec une nouvelle mise en page, une périodicité mensuelle et un nouveau titre qui renvoie à la source première de l’esprit suisse: Die Alpen.
Alain Clavien
Aspects formels
Chaque numéro de la revue compte de 24 à 32 pages. Toutes les livraisons offrent un aspect semblable. Le numéro s’ouvre par un poème, suivi généralement par deux textes en prose traitant de sujets divers, en lien avec la littérature ou la culture; l’ensemble se clôt par une nouvelle contribution en vers. Les dernières pages de la revue sont consacrées à trois rubriques régulières. La première, «Umschau», passe en revue les principaux événements culturels de la quinzaine en Suisse, des principales scènes théâtrales alémaniques aux vernissages d’exposition de peinture sans oublier la vie musicale. La vie culturelle romande ou tessinoise est rarement évoquée. La rubrique suivante, «Literatur und Kunst des Auslandes», est une revue des principaux événements culturels étrangers, allemands et autrichiens surtout, même si une exposition est parfois signalée à Londres ou à Paris. On trouve dans les deux rubriques de courtes nécrologie d’artistes récemment décédés. Enfin, sous le titre «Bücher schau». quelques courtes critiques de livres ou simple signalisations de parutions ferment la livraison. Ce rubricage reste en vigueur tout au long de l'existence de la revue.
Alain Clavien
Positions
A ses débuts, la Berner Rundschau privilégie deux thématiques qui sont alors très à la mode: la défense des sites et la querelle des langues. Sur le premier point, elle dénonce la construction à ses yeux irraisonnée et hâtive d’hôtels et de chemins de fer qui dénature les plus beaux paysages alpins, signes éloquents, selon elle, des dégâts engendrés par un matérialisme ambiant qu’il faut combattre. Dans la querelle des langues que tentent d’allumer quelques Alémaniques excités emmenés par le pasteur Eduard Blocher, la Berner Rundschau se montre ferme: ce débat est une mauvaise dispute, un indice de l’influence intellectuelle étrangère dont les Suisses doivent se méfier. Dans les relations entre Confédérés, les inclinaisons culturelles ne devraient jamais prendre le pas sur les nécessaires solidarités politiques. La revue présente de manière très positive l’image d’une Suisse multilingue, elle y voit une chance et un modèle et elle exalte l’idée de «Willensnation», d’un pays dont l’unité ne doit ni à la race ni à la langue. Cette vision libérale n’empêche pas quelques dérapages xénophobes lorsqu’elle regrette la forte présence allemande parmi les professeurs d’université ou met en garde contre les nombreux régisseurs et acteurs allemands qui travaillent dans les théâtres helvétiques…
La Berner Rundschau ne se cantonne pas à des positions défensives, car il est aussi quelques succès dont la Suisse peut s’enorgueillir. La revue se réjouit ainsi de l’existence d’une école suisse de peinture au rayonnement international: elle est une fervente supportrice de Ferdinand Hodler, régulièrement loué dans ses colonnes, mais aussi de Cuno Amiet, de Rodo de Niederhäuser ou d’Albert Trachsel. Selon elle, cette école prouve la possibilité d’un art national porteur d’un esprit suisse et il faut espérer de telles réussites dans d’autres domaines artistiques, la littérature, le théâtre, la musique…
La culture est une priorité pour la Berner Rundschau qui, dans cette perspective, estime que l’Etat devrait s’engager plus en faveur de ses artistes. Cet engagement devrait se traduire par un soutien financier direct accordé aux artistes, mais aussi par un meilleur enseignement artistique à l’école et par de régulières ouvertures gratuites des musées. Le goût de l’art s’apprend, et il est potentiellement porteur de réserve d’idéalisme dont la Suisse engluée dans un matérialisme étouffant pourrait bien avoir besoin.
Peu à peu, la revue passe des problèmes ponctuels concrets à la notion de «culture suisse». Son renforcement pourra seul compenser le manque d’idéal, l’esprit de lucre, la perte du sens esthétique et le triomphe de la médiocrité, dont les succès du cinéma sont un indice parmi d'autres… Mais comment définir la «culture suisse»? La Berner Rundschau est ici assez empruntée, et elle va se tirer d’affaire en se lançant dans une entreprise de mythification de l’Alpe, l’Alpe comme lieu symbolique de l’unité et de l’identité suisses.
Alain Clavien
Financement
En l'état actuel de la recherche, on ne dispose pas de renseignement sur la situation économique de la revue.
Rayonnement
Textes programmatiques
VORWORT «Wir beabsichtigen in dieser Zeitschrift das gesamte geistige Leben der deutschen Schweiz in objektiver Weise zur Besprechung zu bringen. In möglichst weitgehenden Masse sollen darin sämtliche Vertreter unserer ästhetischen Kultur zur Worte kommen. Die «Berner Rundschau» ist daher kein Kampforgan und wird, bei aller Wahrung eines selbständigen Urteils, iehre aufgabe nicht in der einseitigen Verfolgung spezieller Kunstrichtungen und Ansichten suchen. Mit grösster Entschiedenheit gedenken wir dagegen für alles wirklich Gute und Gesunde einzutreten. Aus diesem Grunde ist uns auch der willkommen, der in künstlerischen Fragen auf einem andern Boden steht als wir, sofern er etwas Fördendes und Nutzbringendes zu sagen hat und seine Meinung in ruhiger und sicher begründeter Form vertritt. Dies um so mehr, als wir mit Cliquenwesen und Parteiwirtschaft nichts zu tun haben wollen, sondern ein durch und durch objektives und von Nebeneinflüssen vollständige freies Organ bezwecken, die lediglich die Vertiefung und Veredlung unserer gesitigen Kultur im Auge hat. Besonder Aufmerksamkeit werden wir auch den Fragen des Heimatschutzes widmen und sie aufs kräfstigte unterstützen, wo sie nicht in zu harten Widerspruch zum praktischen Leben steht. […] Franz Otto Schmid» Berner Rundschau, n° 1, 15 août 1906.
UMSCHAU «In der Berner Rundschau wenden wir uns ausschliesslich an die Intellektuellen, wir suchen darin dem Empfinsungsleben des modernen gebildeten Menschen nahe zu kommen und pflegen deshalb nben der Skizze und kleinen Novelle in erster Linie den literarischen und künsterischen Essay. Dabein wollen wir in ästhetischer hinsicht erzieherisch tätig sein, und ohne alle Nebengedanken vertiefend une belebend auf unser gestiges Leben einwirfen. Aus diesem Grunden dehnen wir unsere kritische Tätigkeit nicht nur auf bildende Kunst une Literatur, sondern auf alle hier in Frage kommenden Gebiet unserer Kultur aus. Wir wollen zudem versuchen, dem Indifferentismus, der bei uns in solchen Dingen zumeist nocht herrscht, zu Leibe zu gehen, die brachliegenden Kräfte zu nutzbringen Tätigkeit anzuspornen, und die Bahn freizumachen und freizuhalten für das jungen, schwellende Leben. […] F. O. Schmid» Berner Rundschau n°6, 31 octobre 1906.
Alain Clavien
Avis contemporains
«Une nouvelle revue suisse ? — Parfaitement. — Et pourquoi faire? N'en avons-nous pas assez comme cela ? Voilà ce qu'on ne manquera pas de dire, avant même d'avoir coupé les pages du premier fascicule. Car, au rebours de nos voisins — Allemands ou Français — nous ne nous montrons que rarement tendres aux débutants. Nous demeurons volontiers sceptiques et renfrognés ; souvent même nous les condamnons par avance, eux et leur œuvre. Je conviens que pareille attitude fut justifiée dans bien des cas. Mais elle n'est pas de mise en l'occurrence. N'étant pas prophète, je ne puis dire, il est vrai, si la Berner Rundschau tiendra tout ce qu’elle promet. Je n'en ai d'ailleurs cure. Il me suffit de savoir pour l'instant qu'elle répond à un besoin très réel. La Suisse allemande ne possédait en effet jusqu'ici aucune revue littéraire digne de ce nom. C'était là, incontestablement, une lacune. Vouloir tenter de la combler est un mérite d'autant plus grand, que d'autres l'ont entrepris déjà, et que le succès n'a point couronné leurs efforts. La Berner Rundschau n'est point ce qu'on appelle une « revue de jeunes » ; un coup d'œil jeté sur la liste des collaborateurs suffit pour vous en convaincre. Sans doute, il y a là des noms nouveaux. Mais il y a aussi des noms connus. Je n'en cite que quelques-uns : Carl-Albrecht Bernouilli ; le professeur Hang ; Mme Isabelle Kaiser ; le professeur John Meier, de l'Université de Bâle ; le compositeur Niggli ; le professeur Rahn, de l'Université de Zurich ; le peintre Tièche ; Hans Trog ; le professeur Weese, de l'Université de Berne ; le professeur Woelfflin, de l'Université de Berlin.
Le premier numéro fait d'ailleurs bien augurer des suivants. A côté d'essais fort intéressants de MM. Weese et C.-A. Bernouilli, il contient une nouvelle inédite d'Adolf Voegtlin, des vers de Carl Henckell et de Jakob Bosshardt, une revue de la quinzaine et des notes bibliographiques. Je ne puis que recommander la Berner Rundschau à quiconque veut suivre le mouvement littéraire et artistique dans la Suisse allemande.»
«Les livres», Gazette de Lausanne, 6 septembre 1906
- Hans BLOESCH (1878 - 1945)
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Fils d'Emil, pasteur et professeur d'histoire religieuse à l'université de Berne. Etudes de littérature, interrompues à la mort de son père en 1900. Séjour d'un an à Paris, fréquente les milieux naturalistes. En 1903, termine ses études avec une thèse en histoire littéraire. Ecrivain et journaliste libre. De 1906 à 1908, il est correspondant à Rome de plusieurs journaux suisses. De retour en Suisse, collabore à plusieurs revues, participe à la création de la Société suisse des écrivains (1912). En 1909, épouse la violoniste allemande Adele Stöcker. Engagé à la bibliothèque nationale en 1910, puis, dès 1919, à la Berner Stadt- und Hoschschulebibliothek. Participe à la publication des oeuvres complètes de Jeremias Gotthelf. Pas d'engagement politique particulier durant l'entre-deux-guerres.
Alain Clavien
- Jakob BUEHRER (1882 - 1975)
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Né à Schaffhouse dans une famille modeste, formation d’autodidacte. Journaliste et homme de revue, collaborateur de la «Berner Rundschau», puis à «Die Alpen», rédacteur à la «Berner Intelligenzblatt». Publie un premier roman en 1910. De 1915 à 1919, rédacteur au «Schwizerhüsli» et aux «Sonntagsblätter», tous deux publiés par la Nouvelle Société helvétique. En 1919, rédacteur de l’hebdomadaire «Heimat». Pendant la guerre et dans les années vingt, il écrit plusieurs pièces de théâtre, qui connaîtront un honnête succès. Très inquiet face à la montée du nazisme, il consacre plusieurs romans et essais à la dénonciation de la terreur fasciste. En 1932, indigné par la fusillade de Genève, il adhère au Parti socialiste suisse, ce qui lui rend difficile les collaborations dans la presse bourgeoise. En 1936, il s’installe à Verscio, près de Lugano, où il demeurera jusqu’à la fin de sa vie. Il travaille alors comme lecteur pour la Büchergilde Gutenberg et comme correspondant de plusieurs journaux socialistes, tout en continuant son œuvre de romancier.
Alain Clavien
- Konrad FALKE (1880 - 1942)
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De son véritable nom Karl Frey, fils du banquier Carl Julius Frey. Etudes de droit et de littérature en Suisse et en Allemagne, docteur ès lettres en 1903. Financièrement indépendant, KF se consacre à la littératrue et au journalisme. Auteur de drame et de romans historiques. Dans les années 1930, plusieurs essais contre le nazisme. Contacts avec les écrivains allemands exilés, de 1937 à 1939, éditeur de la revue de Thomas Mann «Massund Wert». Emigre aux Etats-Unis en 1939.
Alain Clavien
- Franz Otto SCHMID (1879 - 1926)
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Né en 1879 à Berne dans un milieu modeste, son père est potier. Commence en 1906 des études universitaires en philosophie, qu'il ne poursuit pas par manque de moyens financiers. En 1904, engagé comme archiviste par la famille von Hallwyl, poste qu'il occupe jusqu'en 1922. En 1912, mariage avec la fille fortunée d'un gros négociant allemand, Marie Luise Käthe Junge, ce qui lui permet dès lors de mener grand train.
En 1905, publie des articles de critique littéraire virulent et une pièce de théatre qui sera jouée à Bâle. Collabore à diverses revues, lance la «Berner Rundschau» en 1906, dont il abandonne la direction en été 1910.Alain Clavien
Références bibliographiques de la littérature secondaire
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, Carl Albert Loosly, 1877-1959. Band II: Eulenspiegel in helvestischen Landen, 1904-1914 , Zurich : Chronos, 1999, 541 p.
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, « “Berner Rundschau” –“ Die Alpen”. Auf der Suche nach einer nationalen Kultur (1906-1913) », Revue suisse d'histoire, n° 2002/1, 2002, pp. 51-59
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, “Berner Rundschau” –“ Die Alpen”. Eine kulturelle Zeitschrift in Fin de siècle, 1906-1913 , Berne : liz., 2000, 171 p.