Revues Culturelles Suisses

Revue

Nouvelle Revue romande*

Présentation sommaire

La Nouvelle Revue Romande (1922-1945), revue de propagande antisémite, se profile entre autres par ses prises de position résolument antidémocrates et antiparlementaires. Fortement influencé par le maurrassisme, qui fait une percée remarquable en Suisse romande après la Première Guerre mondiale, le noyau de ses positions consiste en un antisémitisme agressif qui se répercute sur tous les thèmes abordés par la revue. La revue est le produit des idées et débats du milieu intellectuel de l’extrême-droite romande, très actif durant l’entre-deux-guerres, mais elle est surtout le fruit d'un seul homme: le Genevois Jules-Ernest Gross. Elle s'inscrit dans une nébuleuse de revues maurrassiennes qui fleurissent durant l'entre-deux-guerres, comme Le Centurion ou les Cahiers d'Ordre et Tradition.


Annick Jermini & Derya Uregen

Création

Avant la Grande Guerre, seule une petite frange de la jeunesse étudiante romande était séduite par les idées réactionnaires et antiparlementaires du mouvement d’Action française. Mais la victoire française a donné une visibilité nouvelle à ce mouvement d’extrême-droite dont les thèses séduisent dans le climat de désarroi moral et intellectuel de l’après-guerre. Les années 1920 sont ainsi marquées par une influence grandissante de la doctrine de Charles Maurras et de l'Action Française avant tout parmi les jeunes étudiants et intellectuels romands qui s’interrogent sur les modalités de son application en Suisse, mais aussi dans les salons bourgeois. La Nouvelle Revue romande, revue de propagande antisémite se réclamant de l'Action Française, s'insère dans cette vague d'influence. Relevons également qu’elle bénéficie d'un antisémitisme latent présent parmi les différentes couches de la population qui lui permet d'employer un ton et un langage fortement agressif envers les Juifs. La «Nouvelle Revue romande» fait suite à deux revues. Il y eu tout d’abord la Petite Revue de Leysin (1916-1917), modeste feuille culturelle vouée au divertissement des soldats français, belges et anglais internés au sanatorium de Leysin. En novembre 1917, la Petite Revue de Leysin fait place à la «Revue Romande». Sous la houlette du Jurassien Jacques-René Fiechter, elle confirme sa vocation littéraire et sa volonté de regrouper les jeunes intellectuels romands. Un revirement s’opère dès 1920 sous l’influence grandissante de Jules-Ernest Gross au sein de l’équipe rédactionnelle. En effet, Gross, soutenu par Gonzague de Reynold, est nommé en avril 1921 rédacteur en chef, tandis qu'en janvier 1922 Fiechter cède à Reynold le poste de directeur. À compter de ce moment la revue devient nettement plus politique et polémique. La publication de la Revue Romande s'arrête en mai 1922 sans aucun avertissement préalable et, dès juillet 1922, apparaît le premier numéro de la Nouvelle Revue romande sous la responsabilité exclusive de Gross. Des divergences de principes entre le rédacteur en chef et le directeur sont à l’origine de cette réorganisation. Alors que l'antisémitisme de Gross atteint des proportions obsessionnelles qui le mène à affirmer que les Juifs sont à la racine des tous les «maux» de la société contemporaine, Reynold estime, en accord avec les thèses d’Action française, que le problème juif, s’il est important, n’est pas déterminant et que sa résolution interviendra après l’instauration d’un nouveau régime politique. Notons toutefois que ce différent n’entraîne pas de rupture entre les deux hommes car ils garderont des contacts amicaux.


Annick Jermini & Derya Uregen

Equipe

La Nouvelle Revue romande est essentiellement l'œuvre de Jules-Ernest Gross qui signera la grande majorité des articles qui y paraissent, aussi bien sous son nom que sous le pseudonyme de Joséphin Peillex, du nom de jeune fille de sa mère. Il a trente ans lorsqu’il renomme la Revue romande pour en faire sa revue. Il a fait des études Genève et à Paris. Par la suite, il aurait, semble-t-il, car on ne connaît pas grand chose de lui, été précepteur en Hollande et en Allemagne avant de rentrer en Suisse en 1913. Il apparaît à la fin de la guerre à la Revue romande dont il devient le rédacteur en chef en 1919 puis le rédacteur en chef dès avril 1922. Etant donné l’orientation de la revue, il recrute ses collaborateurs essentiellement dans le milieux de l’extrême-droite romande, genevoise surtout. Ce sont avant tout de jeunes intellectuels à qui il ouvre ses pages, Georges Oltramare, Constant Bourquin, Rodo Mahert, Sven Stelling-Michaud, Eddy Bauer, Max-Marc Thomas, soutenus par quelques «anciens», Robert Fosca, Eugène Fabre ou Alexandre Cingria. La plupart d’entre eux ne collaborent que très sporadiquement. Deux exceptions toutefois: Bauer est l’un des plus fidèles, publiant régulièrement de 1924 à 1931; Bourquin donnera plusieurs articles dès 1937 jusqu’à la mort de la revue. Les autres signatures apparaissent une ou deux fois seulement. A cette difficulté de rassembler une équipe, alors que les collaborateurs potentiels sont nombreux, on peut apporter deux explications. Tout d’abord, la suite de sa carrière le montre, Gross ne semble pas avoir un caractère très facile et son autoritarisme a pu en rebuter plus d’un. Ensuite et surtout, chacun des petits groupuscules maurrassiens qui se constituent en Suisse romande dans les années vingt a la prétention de lancer sa revue, ce qui disperse les forces et explique que chacune de ces revues connaissent de grandes difficultés matérielles.


Annick Jermini & Derya Uregen

Etapes

Les conditions de publication de la Nouvelle Revue romande se caractérisent par un manque constant de moyens financiers qui influencera sa fréquence de parution. En effet, Jules-Ernest Gross n'arrivera jamais à suivre sa volonté de faire de la Nouvelle Revue romande un bimensuel. Après une première phase de stabilité, où la revue ne paraît pourtant qu'une fois par mois et non deux comme il l'espèrait, la publication des numéros s'espace à partir de 1926. Elle devient irrégulière et subira même une interruption entre mars 1938 et octobre 1942. Elle s'arrête définitivement en décembre 1945. Les gros titres, les slogans de couvertures et les couleurs vives lui donnent un aspect agressif, aspect qui correspond avec son esprit polémique et dénonciateur. Cependant Gross ne possède pas sur le plan financier les ambitions de sa politique et les problèmes pécuniaires se répercutent sur la présentation graphique de la revue. La présence continue de Gross à la tête de la Nouvelle Revue romande du début de l'aventure jusqu'à sa fin, ainsi que le fait que la revue soit pratiquement son oeuvre personnelle, font que les lignes directrices vont rester constantes. L'antisémitisme, les références au maurrassisme ainsi que l'opposition à la démocratie et au parlementarisme sont invariablement présents. Toutefois avec le deuxième conflit mondial, les attaques antisémites disparaissent des pages de la revue. De manière inattendue commencent à être publier des poèmes de facture classique faisant parfois référence aux mythes romains et grecques, ou même des pamphlets, qui pour la plupart sont composés par Gross lui-même.


Annick Jermini & Derya Uregen

Aspects formels

Le nombre de page d’un numéro varie entre 8 et 16 pages, compte tenu des quatre pages de couverture. La grande majorité des numéros est composée de 8 pages d’articles et de 4 pages de couverture qui sont la plupart du temps en couleur; une couleur différente est prévue à chaque livraison. La première couverture comporte le titre de la revue et les titres d’articles. Souvent, une médaille représentant Énée et sa famille avec les initiales I.P.V.D. (In primo venerare deus/deii - il faut d’abord vénérer les dieux) figure sur la première page de couverture et annonce déjà l’état d’esprit de la revue. La revue s’ouvre généralement par une sorte d’éditorial intitulé dans les premiers numéros «Ad limina», puis «Pro Domo» et «Y voir clair» dans les derniers numéros. Viennent ensuite de grands articles traitant de l’actualité, toujours avec ce style particulier de polémiste dénonciateur et combatif, voire agressif. La taille des articles est décroissante. En effet, les derniers sont consacrés à des chroniques, faits divers ou à la parution et critique de livres. Il est aussi possible de trouver des poèmes ou des articles, parus dans d’autres journaux. La revue publie également des publicités dont le nombre va diminuer les années passant. La troisième et quatrième de couvertures comportent en règle générale des articles, de la publicité ou des images et dessins, voire une carte de la Suisse. Malgré la diversité des sujets traités et thèmes abordés, le déséquilibre entre les rubriques semble être calculé. En fait, les grands articles, d’ordre politique et polémique, sont en lien avec l’actualité. Par ailleurs, les recommandations de vote sont nombreuses. L’apologie de la culture latine et française, considérée comme la vraie culture, a aussi une place importante dans la revue. Des articles consacrés à la théologie, surtout néo-thomiste, ou critiquant les autres croyances apparaissent régulièrement. La littérature, notamment la critique de livres, et la publicité complètent la revue.


Annick Jermini & Derya Uregen

Positions

Bien que la revue n’ait jamais été officiellement l’organe d’un parti politique, elle défend les idées des mouvements réactionnaires de l’entre-deux guerres et s’oppose donc de front au principe même du libéralisme et à tout ce qui en découlerait: démocratie, parlementarisme, féminisme, communisme, internationalisme, socialisme, franc-maçonnerie, pacifisme, pangermanisme et même esperanto. En fait, la revue reconnaît et assume l’imprégnation et l’influence maurassiennes. Des articles sont par ailleurs consacrés à l’éloge et à la défense de Charles Maurras, notamment lors de son procès en 1945. La doctrine principale de la Nouvelle Revue romande est cependant surtout construite autour de l’antisémitisme. Pratiquement chaque numéro contient un article traitant du Juif représenté comme la source de tous les maux: il monopoliserait toute l’économie et causerait les révolutions, guerres, grèves et crises. Il faut néanmoins noter que cette composante est moins présente pendant les années de guerre où la revue devient aussi plus littéraire. Dans les derniers numéros, à savoir ceux de 1942 à 1945, aucun article traitant directement de la «question juive» n’est donc à relever. En 1933, la revue s’est félicitée de l’avènement d’Hitler, bien qu’elle ne partage pas entièrement son idéologie, et du succès de Mussolini en Éthiopie, mais elle ne commente pas l’avènement de Pétain et du gouverenement de Vichy. En effet, durant les années de guerre, la revue est à l’agonie et se fait moins polémique et politique. Une autre caractéristique de la revue, malgré sa forte tendance politico-polémique, est la place qu’elle laisse à la culture et la littérature. Dans ce domaine, en adéquation avec ses idées politiques, la revue fait l’apologie de la latinité notamment par les textes de Virgile, auteur fort apprécié par Jules-Ernest Gross. Des chroniques et des rubriques sont réservées à la critique des livres nouvellement parus. Même des poèmes, souvent lyriques, sont publiés. Il faut néanmoins préciser que l’exposition de cette littérature et de cette culture est loin d’être impartiale. En effet, il ne s’agit pas de l’art pour l’art. Le ton est toujours combatif, voire agressif, et la partie littéraire et culturelle est un plaidoyer pour la culture latine et française.


Annick Jermini & Derya Uregen

Financement

En l'état actuel de la recherche, on ne dispose pas de renseignement sur la situation économique de la revue.

Rayonnement

Il est difficile d’évaluer le rayonnement exact de la Nouvelle Revue Romande. Aucun chiffre n’a pu être relevé. Il est possible néanmoins d’affirmer que sa diffusion était réduite et que le nombre d’abonnement ne dépassa pas 400 selon Aaron Kamis-Müller. Les problèmes financiers et les nombreuses annonces demandant de s’abonner à la revue peuvent être perçus comme un signe d’insuccès auprès du public. Toutefois, des auteurs tels que Constant Bourquin, qui a d’ailleurs collaboré à la revue, et Ulysse Kunz-Aubert soulignent l’influence considérable de son rédacteur en chef, Jules-Ernest Gross, auprès de la jeunesse intellectuelle romande — mais cette influence s’est établie aussi par des conférences et des causeries organisées par divers cercles d'extrême-droite, comme le Cercle fédéraliste ou Res Helvetica. A partir du milieu des années trente, la revue entame une lente agonie, dont témoignent la diminution régulière du nombre de pages ainsi que la disparition progressive de sa publicité. Il faut dire que Gross lui-même y participe puisqu'il lance entre 1935 et 1937, une autre revue, concurrente, Réaction.


Annick Jermini & Derya Uregen

Textes programmatiques

«Ainsi la «Nouvelle Revue romande» se dévouera à poursuivre l’œuvre commencée par la «Revue romande», il y a quelque dix-huit mois, c’est-à-dire à compter parmi ses vues principales, celle d’examiner le problème juif. Et d’autant plus qu’il est difficile, sinon impossible, d’en entendre parler dans d’autres publications de notre pays. Or, nous croyons qu’un tel problème se pose en Suisse comme ailleurs. Nous montrerons pourquoi. […] Il ne s’agit pas d’anti-sémitisme, il s’agit des juifs et du problème juif […]. Nous ne voyons qu’un problème, et qui se retrouve dans tous les domaines, religieux, politique, intellectuel, social. Nous l’aborderons, comme on a accoutumé de dire. Nous voyons la puissance irrécusable du juif.»


Jules Ernest Gross, «Note. La question juive», Nouvelle Revue romande, hors série, 1922


 


«Nous sommes [...] fédéralistes pour rester Français. Latinité et fédéralisme. Lutte contre la centralisation, c'est-à-dire contre tout socialisme, contre l'espérantisme, afin que nos langues continuent de nous unir parce qu'elles nous séparent. [...] Un Suisse peut et doit être monarchiste chez autrui pour être républicain chez soi, pour être indépendant et vivre en paix. [...] Sur terres amies, loin d'applaudir à l'avènement de prétendues démocraties qui nous voudront engloutir après nous avoir démembré et qui seront la proie du Juif, les instruments absurdes de sa puissance, saluons donc les trônes, les rois, les dynasties, bon républicains chez nous parce que monarchiste chez autrui. Ce n'est pas nouveauté; c'est signe de sagesse et de tradition. [...] Voilà comment nous entendons notre nationalisme».


Jules-Ernest Gross, «Reconnaissance», «Nouvelle Revue romande», n° 1, 1922


 


«C'est [dans l'Action Française que] nous avons toujours prétendu que nous dussions nous instruire; c'est où nous avons notre véritable exemple [...]. Le programme de l'Action Française, que nous désignons une fois de plus à nos Jeunes Suisses comme une source féconde d'une action politique où ils brûlent de se dépenser, c'est en somme une vielle sagesse européenne, hellénique, romaine et chrétienne que le génie de Maurras nous a rappelé miraculeusement mais à laquelle nous avons notre part à prétendre».


Jules-Ernest Gross, «Ad limina. Un fascisme en Suisse ou Des Jeunes Suisses», «Nouvelle Revue romande», n° 3, 1922.


 


«La «Nouvelle Revue romande», pour s’inspirer très loin et très haut dans le temps et l’espace, rejoint sur bien des points la pensées de quelques-uns de nos hommes illustres, des Mallet du Pan, Simondi, Scherer, Secrétan et même Vinet. Nous le montrerons. Elle reprend un sain mouvement de la pensée qui commença à la «Voile Latine», dévia aux «Feuillets», erra aux «Idées de demain». Elle le poursuit par l’un de ses rédacteurs depuis 1917, puisqu’elle succède à la «Revue Romande», fondée à cette date. Persuadée de la valeur profonde du «Politique, d’abord» de Maurras et de la nécessité de reconnaître une métaphysique, de vrais principes, la vérité, pour y fonder tout, elle exclut les Muses de ses cahiers. Momentanément et parce que le papier lui manque terriblement, celui de l’imprimeur et celui des banques. Elle s’en plaint car elle aimerait être aux jeunes, poètes, romanciers, essayistes, la revue qu’ils n’ont pas. Qu’ils auront demain s’ils nous comprennent et nous aident. La «Nouvelle Revue romande» est indépendante, pauvre, rare. Mais elle va quand même, elle ira toujours. Et même elle avance, elle croît. Amitié, patience, dix années accordées encore par la Providence à qui la rédige, et nous verrons quelques fruits à nos peines»


texte non signé en couverture, «Nouvelle Revue romande», n°7, avril 1923


 


«Le pangermanisme devient par antisémitisme forcené, un antichristianisme absolu. Pour ne vouloir plus du concurrent juif, on voudra la destruction de tout ce qui le rappelle, on dira d'un même cri: mort au juif, mort aux prêtres! [...] Telle risque d'être, malheureusement, l'histoire prochaine de l'hitlérisme. L'antijudaïsme chrétien est une tradition, une nécessité, une mesure de salut. L'antisémitisme pangermanique est un danger parce qu'en détruisant l'universalité chrétienne par haine du concurrent et dévastateur juif, il commet l'erreur d'attaquer l'adaptation et la compréhension romaine et européenne du Christianisme. Anéantir une habitude de foi devenue une fonction essentielle de l'humanité civilisée, sa source principale de vie et de salut, serait pure folie. Aveuglément le pangermanisme fait en sorte d'assurer au judaïsme une victoire qu'il prétendrait empêcher et qui serait vraiment la fin d'un monde».


Jules-Ernest Gross, «Suite pour Hitler II», «Nouvelle Revue romande», n° 68, 1932


Annick Jermini & Derya Uregen

Avis contemporains

Sous-titre
Omnia prout sunt - Les choses telles qu’elles sont
Périodicité
annoncée comme bimensuelle, mais jamais appliqué ; mensuelle pour les années 1923, 1924 et 1925. De 1926 à 1945, parution irrégulière. Aucun numéro paru de mars 1938 à octobre 1942
Dates de parution
1922-1945
Pagination
entre 8 et 16 pages
Format
21 cm x 30 cm
Année de fondation
1922
Lieu d'édition
Lausanne; Genève (dès 1925)
Rédacteur responsable
Editeur
Jules-Ernest Gross
Imprimeur
Prix
entre 0.30 Frs et 0.50 Frs le numéro; abonnement annuel 5 Frs
Remarque
Jules-Ernest GROSS (1892 - 1981)

Né à Savigny le 23 juin 1892, Jules-Ernest Gross est le fils de Jean Elie Jules Gross et Marie Joséphine Peillex Gross. Après des études à Genève et Paris, il devient précepteur privé aux Pays-Bas et enseignant à Berlin. Il s’installe dès 1913 à Lausanne. Fortement influencé par l'idéologie maurassienne et par l’Action Française, il développe une vision du monde fondée sur l’antisémitisme. Il collabore à la Revue romande dès 1918 et en devient le secrétaire de rédaction en 1919, pour y assumer, par la suite, la fonction de rédacteur en chef en avril 1921. En juillet 1924, il renomme la revue Nouvelle Revue romande et en prend la direction.
Durant l'entre-deux-guerres, il joue un rôle prédominant d'«éveilleur» dans les milieux d'extrême-droite et maurrassiens romands. En 1924 il est l’un des membres fondateurs du Cercle fédéraliste de Genève, association vouée à combattre «l’erreur démocratique». Il se retrouve être le mentor de Res Helvetica, groupe fondé en 1924 tout d’abord sous le nom de Cercle d’étude politique, réunissant de jeunes écoliers du Collège de Genève aux idées antidémocrates, antimaçonniques et antisémites. Il collabore au Pilori, feuillet satirique antisémite dirigé par Georges Oltramare et devient son bras droit au sein de l'Ordre Politique National. Toutefois, la relation entre les deux hommes se détériorera au fil du temps, ce qui conduira Oltramare à exclure définitive Gross de l’O.P.N en avril 1932. Suite à la disparition de l'O.P.N en juin 1932, disparition motivée par sa fusion avec l'Union de défense économique pour créer l'Union Nationale, Gross reprendra le groupe et le dotera d'un organe, placé sous sa responsabilité, nommé Réaction (1935-1937). Après la Seconde Guerre mondiale, il disparaît de la scène publique.

Annick Jermini & Derya Uregen

Références bibliographiques de la littérature secondaire

  • BOURQUIN, Constant, Fin d’un monde (discours aux hommes de ma génération) , Genève : Cheval Ailé, 1940
  • CEPPI, Jean-Philippe, Neuchâtel et l'Action Française (1919-1939) , Fribourg : Mémoire de licence, 1986
  • CLAVIEN, Alain, « Georges Oltramare. Von der Theaterbühne auf die politische Bühne », in Intellektuelle von rechts. Ideologie und Politik in der Schweiz 1918-1939, MATTIOLI, Aram (dir.), Zurich : Orell Füssli, 1995, pp. 157-170
  • HAUSER, Claude, Aux origines intellectuelles de la question jurassienne. Culture et politique entre la France et la Suisse romande (1910-1950) , Courrendlin : Editions CJE, 1997
  • JOSEPH, Roger, L'Union nationale 1932-1939. Un fascisme en Suisee romande , Neuchâtel : Baconnière, 1975
  • KAMIS-MÜLLER, Aaron, Antisemitismus in der Schweiz 1900-1930 , Zurich : Chronos Verlag, 2000, 178-192 p.
  • KUNZ-AUBERT, Ulysse, Libéralisme et démocratie, l’action des démocrates genevois de 1875 à nos jours , Genève : Imprimerie du journal de Genève, 1950, 251-257 p.
  • SIMONIN, Pierre-Yves, L'action Française et la Suisse romande. Les revues (1904-1930) , Fribourg : Mémoire de licence, 1961, 148-156 p.